Colloque sino-européen “Innovations dans le patrimoine ici et ailleurs”
21 et 22 mars prochains
Université d’Angers (UFR ESTHUA Tourisme & Culture).
Au vu des questionnements qui ont pu surgir, nous nous permettons de vous le faire parvenir à nouveau en précisant quelques points : d’une part, les terrains de recherche de ce colloque ne sont pas circonscrits à la Chine et à l’Europe ; d’autre part, dans les propositions, les titres et les mots-clés en chinois ne concernent que les collègues en provenance de Chine. La date limite d’envoi des propositions de communication est différée au 3 mars prochain.
Les organisateurs
Appel à communication
Colloque sino-européen 2019
21 et 22 mars
Université d’Angers (UFR ESTHUA Tourisme & Culture)
Innovations dans le patrimoine ici et ailleurs : enjeux, acteurs, et processus
Le « patrimoine » est une réalité qui sert à désigner une certaine idée de la mémoire, ainsi que des pratiques construites pour la valoriser. Le mot traduit alors de manière singulière une représentation contemporaine du passé qui s’incarne dans des objets, des valeurs, des normes, des discours et des actions. En contexte européen, et surtout français, la mémoire nationale a longtemps été associée au monument historique, trace matérielle ancrée au sol, marqueur spatial du passé dont la valeur se traduirait par des procédures de conservation et transmission. Mais cette vision ne vaut pas forcément pour toutes les situations du Monde et le « patrimoine » lui-même peut être qualifié par des termes différents montrant la pluralité des réalités associées à la mémoire. En Chine par exemple, la notion de patrimoine est prise en charge par différents vocables, et un même terme peut contenir des significations différenciées selon les moments (Zhang, 2017). Dans le même temps, la fabrique du patrimoine peut aussi puiser dans des normes mondialisées, y compris en les recomposant localement.
Si l’on suit l’Unesco, institution de portée mondiale, le « patrimoine » prend le nom d’heritage et renvoie à « l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir » (http://whc.unesco.org/fr/apropos). Depuis quelques décennies, et les nouvelles catégories de l’Unesco sont là pour en rendre compte (« patrimoine immatériel » par exemple), nous pouvons observer une extension du domaine de la mémoire qui intègre des réalités toujours plus récentes, si bien que certains parlent même d’« inflation patrimoniale » (Heinich, 2009). Cet élargissement récent du champ patrimonial qui semble se déployer dans un temps toujours plus court (Lazzarotti, Violier, 2007), invite à interroger le problème de la dimension temporelle qui structure les processus de patrimonialisation. En effet, nombreux sont les travaux qui montrent que le patrimoine n’est pas un objet en soi mais une construction sociale et culturelle qui couple le temps et l’espace (Choay, 1992 ; Veschambre, 2005 ; Di Méo, 2011 ; Morice, Saupin, Vivier, 2015). Ce processus peut être lu comme une « opération intellectuelle, mentale et sociale qui implique des tris, des choix donc des oublis » (Lazzarotti, 2003). Désormais pourtant, la patrimonialisation ne se saisit plus seulement d’objets (au sens général du terme) existants chargés de représenter et « conserver » le passé, mais « la logique patrimoniale (…) ne cesse d’envisager comment les objets d’aujourd’hui pourront servir de signes aux générations futures » (Jeudy, 2008), en anticipant la mémoire. Cet élargissement temporel de la chaîne patrimoniale s’articule à une extension typologique du patrimoine. Cette dernière intègre le « petit patrimoine » ancré localement et répondant à la construction d’identités territoriales, aussi bien que certains savoir-faire tendant à disparaître mais réactivés par des formes de valorisation au sein desquelles le tourisme peut parfois tenir une place décisive. Cette « invention d’une tradition » active d’ailleurs régulièrement des techniques et des objets empruntés à la dernière modernité et la « révolution numérique », les nouvelles technologies, sont régulièrement mobilisées à cette fin.
Différents axes peuvent émerger à partir de ces constats :
– Le monument, en tant que réalité matérielle rappelant le souvenir, peut être conçu comme un objet universel dans la mesure où toute société produit des objets capables d’assurer une fonction mémorielle, en incarnant et suscitant la mémoire. Mais le monument « historique » peut-il avoir valeur d’universalité, y compris à travers son éventuelle mondialisation ? Nous serions en fait passés d’une mémoire monumentale à une mémoire patrimoniale (Lazzarotti, 2012). Mais nous assisterions aussi à une extension apparemment sans limite du patrimoine. « Patrimoine » est-il devenu un terme inadapté à la production contemporaine de mémoire ? Dans quelle mesure peut-on parler de « nouveaux patrimoines » et quelles en seraient les modalités d’émergence ? Qui sont les acteurs qui les fabriquent ? Quels sont les enjeux d’identité qui leur sont associés ?
– Si le temps du patrimoine est de plus en plus court, que devient la créativité mondiale, notamment en matière d’architecture, de musées ? En quoi la créativité contemporaine fait-elle émerger de nouvelles formes et conceptions patrimoniales ? Celles-ci participeraient-elles en retour à faire évoluer le concept même de patrimoine ?
– Les « nouveaux patrimoines » peuvent poser la question de l’ « authenticité ». Comment le « vrai » et le « faux » interagissent-ils dans cette nouvelle fabrique de mémoire ? Dans quelle mesure innovation et authenticité fonctionnent-elles comme un couple ? La production de facsimilés ne remet-elle pas en question cette « authenticité » patrimoniale sacralisée par certains ? En quoi cette démarche participe-t-elle à produire de nouvelles manières de valoriser le patrimoine ?
– Quelle est la place du numérique dans cette mutation et innovation patrimoniales contemporaines ? Quelles en sont les formes mondiales ? Comment se diffusent les nouveaux modèles à travers la mondialisation ? En quoi les usages du numérique sont-ils différenciés selon les lieux du Monde ?
Les propositions de communication sont attendues dans un des 4 axes ou à la croisée de plusieurs questionnements. Ces propositions seront construites selon les critères suivants : sur une page (3000 signes environ) figureront la présentation de l’objet de recherche, les repères méthodologiques, le cadrage théorique, les principaux résultats, et les éléments bibliographiques.
Date limite de dépôt des propositions : 3 mars 2019 à l’adresse suivante colloquesinoeuropeen2019@univ-angers.fr
Comité scientifique :
Sandra CAMUS – Marketing – Université d’Angers
Li CHENG – Management – Université du Sichuan;
Vincent COEFFE – Géographie – Université d’Angers
Philippe DUHAMEL – Géographie – Université d’Angers
Anne GAUGUE – Géographie- Université Blaise Pascal, Clermont Ferrand
Olivier LAZZAROTTI – Géographie – Université de Picardie-Jules Verne
Lan LIN – Géographie – Université normale du Fujian
Jean-René MORICE – Géographie – Université d’Angers
Shiwei SHEN – Management du tourisme – Université de Ningbo;
Philippe TANCHOUX – Histoire du droit – Université d’Orléans
Philippe VIOLIER – Géographie – Université d’Angers
Hua WANG – Management – Université Jinan;
Bihu WU – Géographie – Université de Beijing
Chaozhi ZHANG – Management – Université de Sun Yat-Sen
Jie ZHANG – Géographie – Université de Nanjing
Jinhe ZHANG Jinhe – Géographie – Université de Nanjing.
Comité d’organisation :
Vincent COEFFE – Philippe DUHAMEL – Jean-René MORICE
Inscription et paiement en ligne à l’adresse : http://fit.univ-angers.fr/colloque-scientifique/ à partir du 15 janvier 2019
Frais d’inscription : doctorants = 100 €, chercheurs/enseignants-chercheurs = 200€, repas de gala : 50€