Anaïs Leblon

            Doctorante allocataire de recherche en anthropologie à l’Université de Provence Anaïs Leblon  prépare sa thèse au sein du Centre d’études des mondes africains (Cémaf-Aix UMR 8171). Sa recherche concerne la patrimonialisation d’institutions pastorales peules dans le delta intérieur du fleuve Niger au Mali (5ème Région).

            Le yaaral et le degal sont des fêtes annuelles de la transhumance peule donnant lieu à plusieurs manifestations : concours du plus beau troupeau, musique et danse, déclamation de poèmes pastoraux par les bergers, décoration des maisons, mise en avant de l’esthétique féminine, etc. Ces festivités pastorales ont été déclarées chefs-d’œuvre du « patrimoine oral et immatériel de l’humanité » par l’UNESCO en novembre 2005.

            Ce processus de mise en patrimoine entraîne les réinterprétations du passé des sociétés pastorales peules dans le cadre des problématiques contemporaines de la culture et de ses dimensions identitaires, institutionnelles, économiques et politiques.

            Nous pouvons penser que le patrimoine exprime les préoccupations de différents acteurs ou des organes institutionnels dont il émane (bergers, éleveurs, jowro, conseillers communaux, Ministère de la culture, UNESCO, etc.) et que par là même son analyse anthropologique permet de révéler les attentes plurivocales qu’il suscite. Selon cette perspective, sa présentation consensuelle par l’Etat malien et l’UNESCO ne saurait masquer les débats qu’il déclenche dans des contextes de modifications socio-économiques et de nouveaux rapports de force politique locaux et territoriaux (décentralisation politique, activité pastorale précarisée, foncier polémique, déclin des autorités traditionnelles, etc.). Dans cette recherche, le patrimoine est abordé comme le révélateur ou le miroir grossissant d’enjeux identitaires, sociaux et politiques pour les sociétés pastorales peules dans le Mali contemporain.

anaisleblon/at/gmail.com

Leave a comment