Monthly Archives: September 2021

Conference: ICHT 2021 : Urbanimaginary. Mégalopoles, métropoles, villes à la campagne, villes décroissante : quels imaginaires pour la ville de demain ?

ICHT 2021 : Urbanimaginary. Mégalopoles, métropoles, villes à la campagne, villes  décroissante : quels imaginaires pour la ville de demain ? 

qui se tiendra à l’École d’architecture de Saint-Étienne les 11, 12 et 13 octobre 2021.

Programme : https://urbanimaginary.sciencesconf.org/ 

Environ 70 intervenants, brésiliens, européens et français prendront la parole au cours de 9 tables rondes. Deux séances de posters seront également organisées. 

Il se tiendra à la fois en présentiel à Saint-Étienne et en ligne sur la chaîne Youtube de l’Ecole  d’architecture de Saint-Étienne:

https://www.youtube.com/channel/UC hPen12h3Ilz3Tx42flTvA/featured 

Vous êtes invités à vous inscrire si vous souhaitez venir à Saint-Etienne : https://forms.gle/AJdHhhoichuEXdBh9

Si vous souhaitez le suivre en streaming, nous vous invitons à vous rendre sur Youtube.Bien cordialement

Artur Rozestraten, FAUUSP 

Georges-Henri Laffont, ENSASE/EVS 

Michel Rautenberg, UJM/CMW 

Yvann Pralong, UJM/CMW

Seminar: “Muséum, objet d’histoire”, 2021-2022, MNHN, Paris

Programme 2021-2022
“Le Muséum national d’histoire naturelle, objet d’histoire. Recherches, hommes, institutions, patrimoine, enseignement”
organisé dans le cadre de l’ED 227 avec le soutien de la Société des amis du Muséum.

Cette année encore de l’histoire des sciences naturelles, des sciences humaines et des institutions scientifiques, de la muséologie, de l’épistémologie. Plus d’informations sur le carnet du séminaire : https://objethistoire.hypotheses.org/

Muséum national d’histoire naturelle

Jardin des Plantes, amphi Rouelle

un jeudi par mois

17h30-19h30

Sous réserve d’éventuelles restrictions liées aux contraintes sanitaires, l’accès aux séances est libre.

Les étudiants (doctorat, master) souhaitant demander la validation de ce séminaire dans le cadre de leur cursus sont invités à prendre contact avec les organisateurs.

Jeudi 21 octobre 2021
Pascal TASSY – Muséum National d’Histoire Naturelle
L’évolutionnisme d’Albert Gaudry

Jeudi 18 novembre 2021
Sébastien MEYER – EHESS, Centre Alexandre Koyré

L’anthropologie en images

Jeudi 16 décembre 2021
Lisa LAFONTAINE – Université Paris 1
« Sans jamais tenir lieu de dessin » : confrontation et complémentarité de la photographie et du dessin naturalistes au Muséum (1840-1880)

Jeudi 13 janvier 2022
Arnaud BRIGNON – Société géologique de France
L’apport des premières collections de reptiles du Jurassique de Normandie à l’histoire des sciences et à la paléontologie

Jeudi 17 février 2022
Thierry BONNOT – EHESS, IRIS
Documents, témoins ou éléments d’un discours ? Réflexions sur les objets et les choses dans les musées contemporains

Jeudi 17 mars 2022
Marion BERTIN – Université d’Avignon1905-2006 : un siècle de circulations des objets océaniens parmi les collections publiques

Jeudi 14 avril 2022
Wolf FEUERHAHN – EHESS, Centre Alexandre Koyré
Défendre « l’action du milieu » au Muséum : la trajectoire de Julien-Noël Costantin entre réseaux familiaux et enjeux coloniaux (1884-1932)

Jeudi 12 mai 2022
Chang-Ming PENG – Université de Lille, IRHIS
Représenter l’homme fossile : la préhistoire en peinture dans le Caïn de Cormon et dans son décor pour l’amphithéâtre de paléontologie, d’anatomie comparée et d’anthropologie

Jeudi 17 juin 2022
Adèle CHEVALIER – Muséum national d’histoire naturelle
Les objets de la préhistoire extra-européenne au Trocadéro (1878-1940)

Conference: CFPCI_musée & PCI 14 & 15 octobre 2021

Patrimoine culturel immatériel et musées : vers un « tiers-lieu » dans le
secteur du patrimoine ?
8e colloque international de l’ethnopôle Centre français du patrimoine
culturel immatériel
Jeudi 14 et vendredi 15 octobre 2021
Vitré (35) – Centre culturel Jacques Duhamel (auditorium Mozart)

Où, quand et comment les musées et le patrimoine culturel immatériel (PCI) se
rencontrent-ils ? L’institution muséale s’est fondée en Europe sur un « régime
d’objet » et des valeurs d’authenticité qui semblent antinomiques avec le PCI.
Ce dernier est par définition en constante évolution. Or par leurs
collections, certains musées inscrivent pleinement leurs missions et
préoccupations dans ce champ et agissent comme des acteurs de la sauvegarde.
Les points de convergence sont en effet nombreux entre fonctions et
dispositifs muséaux, d’une part, pratiques et mesures de sauvegarde du
patrimoine vivant, d’autre part. Les musées peuvent ainsi jouer un rôle
essentiel dans l’éducation au PCI et dans sa transmission en dédiant un espace
à ses détenteurs. Ils peuvent aussi accompagner efficacement la mise en œuvre
de méthodologies d’inventaires avec les communautés en vue de la sauvegarde du
PCI.

Entre 2017 et 2020, le projet européen « Intangible cultural heritage and
museum project », dont le CFPCI a été l’opérateur français, a exploré les
multiples modalités d’intégration du PCI aux politiques des musées en Europe.
Chercheurs et professionnels de plusieurs régions françaises et pays
prolongeront cette réflexion sur les opportunités de collaborations entre les
musées et les communautés et sur les espaces qu’elles ouvrent, qui peuvent
être considérés comme des tiers-lieux.

Informations pratiques
Centre culturel Jacques Duhamel (auditorium Mozart)
2 rue de Strasbourg 35500 Vitré

Entrée libre sur inscription, dans la limite des places disponibles :
https://forms.gle/gdy7cMYw24j7gQNN7

Un lien de connexion sera envoyé par courriel en amont du colloque aux
participants en distanciel.

L’accès à l’auditorium Mozart est conditionné à la présentation d’un pass
sanitaire.

Programme complet :
https://www.maisondesculturesdumonde.org/patrimoine-culturel-immateriel/quest-ce-que-cest/patrimoine-culturel-immateriel-et-musees

Renseignements complémentaires
Lily Martinet – Chargée de mission patrimoine culturel immatériel
02 57 24 04 56 | mission.pci@maisondesculturesdumonde.org

Dans le cadre du 24e Festival de l’Imaginaire

Workshop: 5 octobre 2021 – Industries culturelles globalisées : usages, droits, circulations

Industries culturelles globalisées : usages, droits, circulations
“Globalized Cultural Industries : Uses, Rights, Circulations”

5 octobre 20219-18h
Auditorium de la MSH Paris Nord

Au cours des dernières décennies, le rapport entre culture et économie a été marqué par un double mouvement à l’échelle internationale. D’un côté, depuis les années 1970 essentiellement, des voix s’élèvent pour demander la protection d’éléments culturels contre des formes de commercialisation jugées abusives. D’un autre côté, les stratégies de développement et les organisations internationales (UNESCO, OMPI, OCDE, OMC) envisagent de plus en plus le “patrimoine” ou les “expressions culturelles traditionnelles” comme une ressource de développement, en lien avec les notions d’ “industries culturelles” et “créatives”. Cette journée d’étude a pour objectif d’examiner, selon une perspective interdisciplinaire, les liens entre marchandisations accrues des éléments patrimoniaux et reconfigurations juridiques et conceptuelles du patrimoine. L’un des enjeux est de penser ces articulations dans le contexte de la mondialisation et du développement des technologies de communication numérique qui en sont l’un des aspects caractéristiques fondamentaux.Over the past few decades, the relationship between culture and the economy has been marked by a twofold movement at the international level. On the one hand, mainly since the 1970s, there have been calls for the protection of cultural elements against forms of unwanted commercialisation. On the other hand, development strategies and international organizations (UNESCO, WIPO, OECD, WTO) are increasingly considering “heritage” or “traditional cultural expressions” as a development resource, in line with the notions of “cultural industries” and “creative industries”. The objective of this study day is to examine, from an interdisciplinary perspective, the links between increased commoditization of heritage elements and legal and conceptual reconfigurations of heritage. One of the challenges is to think about these articulations in the context of globalization and the development of digital communication technologies, which are one of its fundamental characteristics.Programme
https://www.mshparisnord.fr/event/journee-detude-industries-culturelles-globalisees-usages-droits-circulations

Inscription non nécessaire

contacts: aurelie.condevaux[a]univ-paris1.fr ou julie.peghini[a]gmail.comUn projet soutenu financièrement par la MSH Paris Nord dans le cadre de son appel à projets, l’IREST et l’EIREST, le Labex ICCA

CFP: Kyoto Univ’s workshop on living heritage sites

International cross-sectoral interdisciplinary online workshop on living heritage sitesFebruary 22, 2022With support of Kyoto University’s CSEAS, KURA & CPIER departmentsWorkshop on heritage preservation, ‘creative destruction’ and creative tourism development in so called ‘living heritage sites’, such as popular historic towns, traditional villages or preserved districts inside cities. Even though those are hard times for the tourism sector, it is also an opportunity to look over the situation in the popular sites during the current slowdown in mass-tourism development.If your work/research is related to the living heritage sites, you are welcome to apply to present at the workshop. After the workshop, we’re planning to apply to an international leading academic journal for publishing a special issue on living heritage sites with about ten articles of the participants. The participation in workshop is free of charge. All the presentations, submitted proposals and articles shall be in English.You can find more details in the link below or send us an inquiry to: heritageworkshop2022@gmail.comCall for Proposals:https://www.heritage-workshop.cseas.kyoto-u.ac.jp
Prof. Yoko Hayami & Dc. Sabine Choshen, Kyoto University

Seminar: Patrimoines & patrimonialisation 2021-2022

PATRIMOINES ET PATRIMONIALISATION

Les inventions du capital historique XIXe-XXIe siècles   

Séminaire CHCSC – Université Paris-Saclay

En partenariat avec le Comité d’histoire du Ministère de la Culture

4e  année – 2021-2022

Présentation du séminaire

Lancé en 2018, les travaux menés au fil des précédentes rencontres se sont soldés par la parution d’un ouvrage collectif aux PUG en juin 2021, intitulé comme le séminaire « Patrimoines et patrimonialisation. Les inventions du capital historique XIXe – XXIe siècle ». Cette entreprise collective se prolonge cette année, en 2021-2022, sur la base d’une sélection de nouvelles thématiques, avec la même ambition d’analyser les processus de patrimonialisation sous l’angle des logiques de valorisation et de mise en lumière des « nouveaux » objets patrimoniaux.

Force est en effet de constater que le patrimoine recouvre des réalités pour le moins contrastées, allant du domaine des arts à celui de l’industrie, de l’architecture à la gastronomie, de la culture à la nature, du matériel à l’immatériel. Cette extension du domaine du patrimoine reflète une tendance à faire mémoire de tout bois, à vouloir sanctuariser un nombre croissant d’objets et de pratiques au nom d’une tradition ou d’un existant. Transformer un objet profane en patrimoine, c’est évidemment lui conférer une visibilité sociale, une valeur symbolique, l’arracher à ses usages triviaux… pour conférer à son ou ses détenteur(s) des ressources patrimoniales. On le mesure sur ce point, le patrimoine n’est pas un capital qui tombe du ciel historique mais le produit d’une construction – la patrimonialisation – dont il s’agit de sonder les rouages symboliques, garants d’une plus-value, mais aussi les rapports de force, les formes de mobilisation sociale, les engagements de ressources culturelles mais aussi économiques qui la sous-tendent.

Les rencontres thématiques organisées au fil du séminaire ont donc mobilisé jusqu’à présent des chercheurs venant de différents horizons (historiens, sociologues, économistes, juristes, chercheurs en communication, etc.), se proposant à partir de leur ancrage disciplinaire et de leur objet d’étude, d’apporter leur concours à cette entreprise collective. Cette simple indication souligne la transversalité des questions patrimoniales qui « interpellent » de nombreux champs disciplinaires et dépassent les traditionnelles assignations à résidence historique. Au-delà des nombreux thèmes abordés au fil des rencontres qui ont déjà eu lieu (patrimoine « naturel » ; patrimoines industriels et patrimoines ouvriers ; patrimonialisation des marges de l’art ; patrimoine et consommation ; patrimoine, tourisme et développement ; patrimoine et urbanisme ; patrimoine et culture contestataire, etc.), le séminaire s’est proposé d’interroger les logiques de notre rapport au passé, son instrumentalisation sous des formes et selon des finalités disparates ainsi que l’inusable tension entre histoire et mémoire. Car les processus de patrimonialisation mobilisent l’histoire mais ils l’instrumentalisent aussi selon des finalités irréductibles à la seule volonté de préserver le passé et d’en conserver la mémoire. C’est d’ailleurs ce qui explique les formes de contestation, de dénonciation, de critique ou, inversement, de mobilisation sociale dont ils font l’objet.

Durant les dernières décennies, de nombreux travaux de recherche ont accompagné l’extension de la question patrimoniale, notamment depuis la reconnaissance par l’UNESCO de patrimoines immatériels, mais rarement ces travaux ont traité de ces processus sous l’angle de la valorisation de l’objet patrimonialisé, impliquant comme par ricochet d’interroger la réalité de sa valeur patrimoniale. Pourtant, la question patrimoniale occupe une place nullement négligeable dans notre économie, si l’on suit la thèse développée par Luc Boltanski et Arnaud Esquerre. Elle serait même une des principales clés de mise en valeur de biens et de marchandises, de lieux et de pratiques. Les professionnels du tourisme et de l’aménagement du

territoire le savent puisqu’ils se tournent presque spontanément vers les patrimoines existants ou revisitent le passé pour mettre en valeur leur offre. Mais l’emprise des logiques de valorisation patrimoniale ne s’arrête pas aux seuls territoires. Elle s’étend à l’économie de biens de consommation, valorisés et labellisés au nom de leur fidélité à la tradition. Elle recouvre aussi des pratiques culturelles d’autant plus valorisantes qu’elles sont valorisées par leur ancrage dans un passé réel ou fantasmé. On le savait déjà au moins depuis Max Weber, le passé légitime mais, ce que l’on ne percevait pas de manière aussi évidente, c’est qu’il valorise. Et c’est en privilégiant ces logiques de valorisation, selon une gradation allant de la valorisation symbolique à la valorisation marchande en passant par l’affirmation identitaires de groupes sociaux et de communautés, que l’on peut saisir les objets érigés en patrimoine à la mesure même de l’importance qui leur est reconnue et attribuée.

Une telle approche par la patrimonialisation conduit à mettre au jour la face cachée de l’économie symbolique des biens culturels mais aussi de marchandises, de lieux, de savoir- faire, de pratiques. A l’heure du storytelling, le capital historique relève d’abord d’une mise en récit d’un passé dont la réalité n’est jamais univoque, ni toujours clairement établie. Il relève aussi de la transmission de réalités matérielles ou immatérielles qui, longtemps dépourvues de valeur, font à présent l’objet d’un investissement symbolique permettant de les transformer en capital, c’est-à-dire en ressources mobilisables à leur tour par certains acteurs à des fins politiques, culturelles, économiques, sociales. On rejoint, sur ce point, la dimension critique des analyses des processus de patrimonialisation car s’il ne fait guère de doute que les nouveaux objets du patrimoine sont pour la plupart dignes de la plus extrême attention, il n’en demeure pas moins que ceux qui les portent sur la scène historique ne sont pas animés par le seul but désintéressé de la connaissance et de la préservation mémorielle ou matérielle du passé. Tout ce qui est historique, y compris le vivant, entre dans le champ d’une possible patrimonialisation, du paysage à la chanson, en passant par la gastronomie et les savoir-faire. De ce fait, l’histoire se doit de maintenir une réflexivité critique dans l’appréhension de ces objets afin de pas cautionner et, indirectement, souscrire aux visées utilitaires qui président souvent au processus de patrimonialisation. Déjouant le culte patrimonial et ses objets sanctifiés, l’analyse des processus de patrimonialisation permet à la fois de neutraliser l’apparente naturalité dont on cherche à parer ces nouveaux objets et de mettre au jour les ressorts visibles et invisibles de ces processus.

Le séminaire

PROGRAMME 2021-2022

Séance 1

8 octobre à 14 h

Les œuvres littéraires et philosophiques comme inventions patrimoniales

Les œuvres et leurs auteurs, académiquement consacrés, s’imposent par l’évidence de leur rayonnement mais rares sont les entreprises de déconstruction des processus qui ont conduit à leur reconnaissance et à leur intégration dans un patrimoine philosophique ou littéraire au prix d’une sélection conduisant à écarter et à rejeter d’autres œuvres, d’autres auteurs, à faire valoir une tradition au détriment d’une autre. On se propose dans le cadre de cette séance d’analyser ces processus de patrimonialisation qui, au-delà de la reconnaissance de l’intérêt esthétique ou intellectuel des œuvres, en font des références indépassables.

Marie-Clémence Régnier, Patrimonialiser l’œuvre littéraire dans les maisons-musées d’écrivains : entre réification et mise en récit

Anne-Marie Thiesse, La formation du patrimoine littéraire français au 19° siècle : des enjeux politiques

Jean-Louis Fabiani, La philosophie comme patrimoine national : de Descartes à la French Theory

Séance 2

28 janvier à 14 h

Patrimoines, cultures populaires, cultures aristocratiques

Évoquer l’existence de patrimoines populaires à l’égal d’une culture populaire conduit à rappeler que le patrimoine peut s’apparenter à un outil d’affirmation identitaire pour le groupe social qui le revendique en propre. C’est ce que l’on observe pour des patrimoines populaires et, inversement, pour des patrimoines aristocratiques, comme si le terrain patrimonial perpétuait la lutte des classes dans l’ordre du symbolique…

Eric Darras, Du patrimoine matériel à l’immatériel : une culture de classe dans l’art automobile populaire ?

Bertrand Goujon, La patrimonialisation de “l’espace de la noblesse” : distinction, transmission, valorisation (XIXe-XXe siècles)

Héloïse Fradkine, S’ancrer dans « la terre amoureuse » pour se voir consacrer. L’investissement dans la grande vènerie d’héritiers de la grande bourgeoisie industrielle

Séance 3

11 mars à 9 h Patrimoines, agriculture et nature

Si les premières entreprises de patrimonialisation des espaces et des espèces naturel-le-s ébauchées en France s’observent dès la fin du XIXe siècle, ce n’est que tardivement que le patrimoine « naturel » a fait l’objet de réflexions approfondies en sciences sociales. Patrimonialiser la nature est-ce décalquer des objectifs et des procédures propres à la patrimonialisation culturelle ou y a-t-il une singularité de cette patrimonialisation liée à un objet lui-même tributaire de définitions et d’appréciations diverses ? Est-ce protéger, conserver,

préserver, restaurer, libérer ? La patrimonialisation de la nature a-t-elle accompagné, contrarié ou simplement rendu plus supportables les transformations accélérées du monde ?

Fabien Knittel, Le concours de labour : entre innovation, conservation des techniques agricoles anciennes et patrimonialisation (XIXe-XXIe siècles)

Charles-François Mathis, Un patrimoine énergétique? Le charbon en Angleterre, 1830-1940

Thierry Laugée, Des taxidermies dans les écoles. La sensibilisation au vivant par les collections itinérantes de l’American Museum of Natural History (1903-1930)

Jean Bérard, Les replis de la nature. Eléments sur l’histoire du droit de l’environnement

Marie Cornu, Patrimoine/environnement, histoires juridiques croisées

Raphaël Mathevet, La Camargue à l’épreuve des patrimonialisations et du changement climatique : enseignements et perspectives critiques

En raison du contexte sanitaire, on invite toutes les personnes désireuses d’assister au séminaire de s’assurer préalablement à leur venue que les séances pourront normalement avoir lieu.

Contacts : stephane.olivesi@uvsq.fr, acambre@orange.fr

Ces rencontres auront donc lieu Ministère de la culture

182 rue Saint-Honoré 75001 Paris La salle sera indiquée à l’accueil

Ces rencontres sont ouvertes au public sous réserves d’inscription préalable (au moins 48 h à

l’avance) à l’adresse : https://framaforms.org/inscription-seminaire-patrimoines-et- patrimonialisation-les-inventions-du-capital-historique-xixe.

Colloque Questionner l’empreinte des lieux culturels

Appel à communication pour le colloque de clôture d’une recherche action réunissant le laboratoire MRTE, laboratoire de géographie de Cergy Paris Université, et deux Scènes Nationales franciliennes,  la MC 93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny, et la Scène Nationale de l’Essonne, Agora-Desnos.

Le colloque se déroulera les 15 et 16 décembre 2021.

L’empreinte d’un lieu culturel sur un territoire : observer, représenter, évaluer 

Colloque international 

mercredi 15 et jeudi 16 décembre 2021

Ce colloque est organisé conjointement par CY Cergy Paris Université, la MC 93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny, et la Scène Nationale de l’Essonne, Agora-Desnos, dans le cadre de la recherche action : « Evaluer l’empreinte civique des Scènes Nationales » financée par les deux scènes nationales et soutenue par la DRAC IDF- (2017-2021). Il fait suite à une première journée d’étude organisée à CY Cergy Paris Université le 15 novembre 2019, et sera l’occasion de discuter des enjeux théoriques, méthodologiques et politiques de la recherche tout en questionnant plus largement l’empreinte des lieux culturels sur les territoires.

Le colloque est ouvert aux chercheurs, aux professionnels de la culture et à tous les citoyens intéressés.

Lieux :  le 15 décembre à Bobigny, et le 16 décembre à Evry

Présentation scientifique du colloque

Les institutions culturelles françaises se réinventent constamment depuis quelques décennies à travers l’intégration de divers héritages – des grands principes légués par l’ère Malraux aux apports de l’éducation populaire, et plus récemment, l’affirmation des droits culturels à l’échelle mondiale. Nombre d’entre elles sont localisées dans des territoires en profonde mutation, de plus en plus marqués par des phénomènes de fragmentation et d’exclusion. Qu’elles soient repensées comme lieu d’hospitalité, lieu de vie ou « safe place », elles (re)construisent une relation aux publics, aux habitants, aux espaces environnants, en faisant une large place à l’expérimentation. Elles sont envisagées comme des « espaces communs » cherchant à maximiser les interactions entre individus ou groupes sociaux différents. Ces institutions sont alors conçues comme des lieux d’urbanité, ancrés dans leurs territoires, c’est-à-dire favorisant le lien spatial et l’être ensemble au-delà de leur fonction de scène artistique. Peut-on y voir un renouveau des politiques culturelles ? A quelles conditions se construisent les relations des lieux culturels à leur environnement socio-spatial, en réponse à quels enjeux et avec quelles limites ?  Comment penser, représenter, évaluer l’empreinte des lieux culturels sur les territoires ? Par quels processus et à travers quelles pratiques les équipes mettent-elles en œuvre et cherchent-elles à évaluer leur projet lorsque ceux-ci sont « situés » ?  Le contexte français est-il spécifique ou observe-t-on les mêmes transformations dans d’autres pays ?

Ce colloque souhaite

– d’une part, questionner ces mutations, de même que les mots et les catégories en usage pour les qualifier : « empreinte civique», « ancrage territorial », « participation », « émancipation », … en croisant les regards de multiples acteurs : chercheurs travaillant dans différentes disciplines, professionnels de la culture, élus, « grands témoins », etc.

– d’autre part, mettre au cœur du débat la question de l’évaluation des institutions culturelles à l’aune de ces nouveaux enjeux. Comment rendre compte de la qualité des relations construites par une institution culturelle à son territoire, lorsque l’enjeu ne se limite plus aujourd’hui à quantifier le public dans une salle ? Comment faire de l’évaluation des projets culturels un instrument démocratique permettant la construction d’un discours critique ? Quels indicateurs proposer ?

Les contributions pourront s’inscrire dans l’un des thèmes suivants :

–        Empreinte civique, projet situé, ancrage territorial, encastrement : théoriser le lien des institutions culturelles aux territoires

–        Habitants, ambassadeurs, amis, militants, intermédiaires, communautés : repenser la relation avec les « publics » 

–        Projets participatifs, d’implication, inclusifs : réinventer les pratiques et dispositifs démocratiques,  le partage des pouvoirs et le rôle donné aux acteurs impliqués

–        Empowerment, capabilité, émancipation : inventer, expérimenter, repenser les objectifs des politiques culturelles contemporaines

–        Construire le lieu culturel comme un espace commun dans une société fragmentée

–        Evaluer, mesurer, représenter : enjeux, acteurs, pratiques de l’évaluation des institutions culturelles

Contacts pour retour des propositions :

anne.hertzog@cyu.fr et Elizabeth.Auclair@cyu.fr

Date d’envoi des propositions : 15 octobre 2021

Retour du comité scientifique : 1er novembre 2021

CFP: Rappel – Catastrophes patrimoniales. Notre-Dame de Paris au risque de la comparaison 16-17 décembre 2021

Appel à contribution

 Date limite 15 septembre 2021

Catastrophes patrimoniales

Notre-Dame de Paris au risque de la comparaison

16-17 décembre 2021

Institut national du patrimoine, Paris

Chantier scientifique Notre-Dame

CNRS et Ministère de la Culture

Groupe de travail Émotions-Mobilisations

Axe 3 Approches comparatives

Le 15 avril 2019, l’incendie et la destruction de la toiture de Notre-Dame de Paris déclenche une émotion internationale dont les manifestations dépassent largement les frontières des communautés religieuses et nationales touchées par la dégradation de la première des cathédrales et de l’un des monuments majeurs du patrimoine français. L’on peut se pencher sur les effets de cette catastrophe dans sa singularité, au plus près des acteurs qui ont lutté contre l’incendie, des populations qui voisinent avec le monument et des spécialistes qui s’occupent aujourd’hui de la restauration, tout en rappelant l’inscription de Notre-Dame dans les récits nationaux français. Le groupe de travail Émotions-Mobilisations s’attelle à cette tâche en étudiant le devenir des restes de l’incendie, entre matérialités et sacralités, et les pratiques de médiation patrimoniale bouleversées par la catastrophe qui interdit la visite et le contact physique des visiteurs avec la cathédrale.

Cependant, le rappel d’autres désastres patrimoniaux, sous des latitudes et dans des contextes historiques et politiques bien différents, peut sans doute nous montrer l’incendie de Notre-Dame sous un autre jour. La comparaison ici ne consiste pas à réduire le cas particulier à la généralité d’un modèle, ni à penser chaque catastrophe comme incomparable et irréductible. Au contraire, il s’agit de penser ensemble les singularités, les divergences et les ressemblances, afin de donner à voir chacun des cas à la lumière des autres, dans un dialogue entre les structures d’un phénomène qui se reproduit et les configurations locales toujours inédites et singulières. Au sein de l’axe 3 Approches comparatives du groupe de travail Émotions-Mobilisations, sont étudiés les cas du Musée national de Rio de Janeiro (Brésil), de Coventry (Royaume-Uni) et de Notre-Dame-de-la-Merci (France, Bretagne). Ces rencontres comparatives ouvrent le paysage à d’autres lieux, d’autres moments et d’autres monuments.

En soumettant la destruction de Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019 au risque de la comparaison, l’enjeu consiste à mettre au jour une sorte de grammaire de la catastrophe patrimoniale, en utilisant les outils de l’anthropologie des émotions patrimoniales et des catastrophes, tout en restant attentifs aux singularités dont chaque événement est porteur et qui révèlent les modalités contemporaines des sensibilités patrimoniales de nos sociétés. 

Dans le cadre d’études de cas de différentes catastrophes patrimoniales d’ampleurs variées, on pourra s’interroger sur plusieurs des thématiques suivantes.

Pratiques et réactions : registres des émotions et des mobilisations

L’événement que constitue la destruction d’un monument entraîne une série de réactions individuelles et collectives qui dessinent un large spectre d’émotions et de mobilisations. Il serait possible d’en établir l’inventaire et d’en étudier les modalités et les contextes d’apparition, tant du point de vue du parcours des individus que des temporalités et du passé collectif des groupes touchés par la catastrophe. Il est notamment possible de cartographier la diffusion numérique de la catastrophe, en étudiant l’utilisation des réseaux sociaux qui conduit à une mobilisation qui dépasse le lieu de la catastrophe, souvent dans de plus grandes proportions et à plus grande vitesse. On s’arrêtera notamment sur les mots, les gestes, les acteurs, les moyens de diffusion qui mettent au jour les émotions partagées (déploration, indignation, stupéfaction, motivation, mobilisation de la mémoire), et sur les formes d’organisation des moyens mis en œuvre pour répondre à la catastrophe (recours aux forces de l’ordre, mobilisation citoyenne, monde associatif, collecte de fonds, mise en récit et en sens). Mais on doit également pouvoir montrer de façon assez précise dans quelle mesure ces registres  d’émotions et de mobilisations participent de la construction sociale de l’événement catastrophique et modèlent en retour les manières de penser, dire et sentir les effets du désastre. Ainsi, alors que le saisissement émotionnel qui se met en scène dans l’intimité des foyers, dans les médias qui font émerger et diffusent les sentiments au niveau collectif, ou dans les prises de position publiques des responsables du monument et des hommes politiques, l’inventaire des registres des émotions et des mobilisations permettra de mieux comprendre comment la catastrophe est à la fois la cause de l’expression des émotions et de l’organisation des mobilisations, mais également le produit d’un processus social complexe qui détermine dans le même temps sa perception et son sens.

Conséquences : nature du bien patrimonial et effets sociaux et patrimoniaux du drame

Après le drame et la formulation de ses interprétations sur le vif vient le moment des tentatives de résolution du désordre et du vide que la catastrophe a pu causer. Intimement lié au premier temps de l’émotion et de la mobilisation, celui de la reprise en main du cours des choses n’en constitue pas moins une arène sociale et politique où vont s’affronter des orientations de restauration qui doivent être en cohérence avec les directives patrimoniales en vigueur, mais également des visions du futur du monument et des perspectives globales sur ce que le patrimoine représente pour l’avenir de la société. On peut émettre l’hypothèse que la nature, l’état et la notoriété de l’élément patrimonial touché par la catastrophe a une forte incidence sur la réparation et sur les représentations collectives qu’elle charrie avec elle. L’inscription du bâtiment dans l’histoire des représentations nationales ou locales, son rôle dans les rituels collectifs ou intimes, la diversité culturelle ou religieuse que le monument incarne, ses usages religieux indexés à la place des institutions confessionnelles, la valorisation touristique dont il pouvait faire l’objet doivent sans doute peser dans les choix patrimoniaux de restauration, dans l’ampleur des mobilisations collectives et dans la fabrique de la mémoire sociale du drame et du monument. À partir d’étude de cas précis, on pourra s’interroger sur les liens entre le statut social, religieux, identitaire ou culturel de l’élément patrimonial avant la catastrophe et les directions que les responsables et les acteurs de la restauration ont suivi et ainsi évaluer l’incidence de ces facteurs sur l’importance que le monument, qui peut se révéler renforcée, affaiblie ou transformée en raison des dommages qu’il a subis.

Mémoire : fabrique sociale du souvenir et modalités de narrations

Les catastrophes patrimoniales qui affectent les institutions culturelles et religieuses actualisent les mémoires, les émotions et les mobilisations avec des effets individuels et collectifs d’une grande répercussion et d’une grande puissance. Enquêter sur la manière dont les récits de ces catastrophes, produits par les acteurs sociaux, opèrent dans le jeu entre mémoire et oubli, se présente comme une voie pertinente pour élargir la compréhension de ces phénomènes sociaux.

En raison de leur caractère hautement sélectif, les récits mémoriels incarnent des perspectives singulières qui reflètent le pouvoir de la mémoire sur ce qu’il faut retenir et ce qu’il faut oublier, ce qu’il faut négliger et ce qu’il faut amplifier. La dimension rétrospective du récit n’efface donc en rien la dimension actuelle de la narration et fabrique en même temps les conditions de la remémoration. Ainsi, nous prenons le récit comme un genre discursif à travers lequel les institutions et leurs acteurs se construisent socialement à partir d’opérations de cadrage et de sélection sur leur passé en vue de façonner leur avenir. À travers l’analyse des récits, circonscrits par certaines matrices sociales, individuelles ou culturelles, les dynamiques entre  mémoires institutionnelles, collectives et personnelles de la catastrophe peuvent apparaître de façon plus nette.

Il importe alors de comprendre quelles représentations, émotions et mobilisations collectives sont mises au jour à travers des récits qui racontent la catastrophe. Ces derniers semblent d’abord pointer vers la perte et la destruction, mais ils suggèrent aussi la persévérance et la permanence, à travers les traces qu’ils deviennent ou qu’ils interprètent. Il est probable que les récits sont à l’origine de processus de résistance et de redéfinition qui consolident des formes d’appartenance collectives. On se demandera dans quelle mesure et de quelle manière les récits énoncent, évoquent ou atténuent les pertes causées par les catastrophes, s’ils opèrent des transformations de processus collectifs de résistance, s’ils contribuent à la transmission des souvenirs des catastrophes et s’ils peuvent parfois empêcher la répétition du malheur.

Crises patrimoniales : la catastrophe comme construction sociale de la fragilité du patrimoine

Le patrimoine culturel, dans sa version intergouvernementale comme dans la vision des instances nationales ou régionales qui en ont la charge, se définit en premier lieu comme un élément qui, outre sa fonction identitaire, est toujours en risque de disparaître : dégradation physique, oubli du sens par les générations actuelles, coût financier exorbitant, usage touristique dévastateur, menaces climatiques, extinction des porteurs de traditions ou prédation financière. Le paradigme de la “bibliothèque qui brûle” comme celui de l’endangerment fonctionnent comme la définition de ce qui fait patrimoine : sa valeur culturelle est indexée à sa fragilité. La catastrophe qui endommage et détruit un élément culturel peut se situer au point culminant de la liste des dangers qu’encourt le patrimoine. Survenant par négligence, par accident ou par dessein, la catastrophe vient confirmer la fragilité intrinsèque du patrimoine culturel et ravive alors la rhétorique de la perte qui est à l’œuvre dans toute entreprise patrimoniale.

A contrario, on peut constater une augmentation de l’utilisation des technologies numériques appliquées à la préservation du patrimoine et apparaissent comme des ressources importantes pour la connaissance des biens culturels. Mais il existe un certain fétichisme par rapport à ces technologies, souvent perçues comme une “salvation” : la numérisation et l’impression 3D permettraient de compenser la perte du patrimoine physique. Une réflexion sur les outils numériques remet donc en jeu des débats déjà bien connus sur l’authenticité, la valeur patrimoniale et la fragilité du statut patrimonial lui-même.

Il s’agit ici de décrire la place que tient le désastre patrimonial dans la palette des expressions, des représentations et des narrations de la fin et du danger, et d’envisager la manière dont il participe, soutient, diversifie ou amplifie le recours aux récits apocalyptiques, allant jusqu’à son insertion dans des théories du complot aux usages politiques douteux. On tentera donc de comprendre comment la fin d’un monde se retrouve en puissance dans la catastrophe patrimoniale et comment la mobilisation – y compris numérique – envers le patrimoine peut constituer, au rebours, une sorte de combat salvateur contre la perte et la fin du monde.

Temporalité et spatialité : la catastrophe comme événement dans le temps et dans l’espace

S’il est de nos jours devenu courant de citer ce vers de Shakespeare « Time is out of joint », le temps se dégonde ou est hors de ses gonds, c’est que cette formule entre en résonance avec notre actualité. On l’aborde ici par la problématique de l’événement provoqué par la destruction volontaire ou accidentelle de sites urbains emblématiques, ce qui induit la question des temporalités telles qu’elles apparaissent structurées par la catastrophe qui fait date.

Définissant un avant et un après, l’événement lui-même bref, force à s’interroger sur ce que fut avant, dans sa positivité comme dans sa négativité, sur la nostalgie de ce qui n’est plus, mais aussi sur l’espoir de ce qui sera et fera advenir « un monde meilleur », autre formule récurrente de nos jours. Le propos de ce panel est donc de considérer les temporalités à l’œuvre, la violence de la rupture, mais aussi les rémanences qui se perpétuent ainsi que les projections censées dépasser les contradictions antérieures.

Comment, dans le temps long comme à travers la diversité des sites et espaces nationaux étudiés, comment face à la catastrophe urbaine touchant en particulier des édifices patrimoniaux (religieux ou laïques comme bibliothèques, ponts, monuments divers), incarnations même de notre pérennité et stabilité ainsi que le percevait Halbwachs, cherche-t-on à sauver, réparer, reconstituer, corriger, magnifier ? Faut-il intégrer ou effacer l’événement ? Comment traces du passé et affirmation d’une continuité peuvent-elles coexister avec volonté de renaissance ? Si le traumatisme enferme dans un temps qui ne passe pas, que dire de l’émotion provoquée par la catastrophe, laquelle se dilue au contraire avec rapidité ? Et dans quelle mesure le regard anthropologique tout à la fois distant, décentré et empathique peut-il refléter ces phénomènes ?

Droit au patrimoine : reconstruction, citoyenneté et usages politiques de la culture

Habituellement classés comme « accidents » dans les sphères des enquêtes, de l’administration et des médias, les événements patrimoniaux critiques tels que les incendies peuvent se révéler comme le résultat d’un long processus de répartition inégale des risques et de vulnérabilité et, en conséquence, de vulnérabilisation des collections et des bâtiments. Dans ces scénarios, les causes de la catastrophe acquièrent une importance narrative particulière (comme les “court-circuits”, les “pénuries d’eau”, les “défaillances humaines”, la “mauvaise gestion”), les processus médiatiques et d’expertise sont ritualisés, les responsabilités administratives et les projets de reconstruction sont fortement indexés aux usages sociaux et instrumentalisations politiques de la catastrophe.

Cependant, dans un cadre comparatif qui inscrit le monument dégradé ou détruit dans une série historique d’autres drames, des distinctions significatives peuvent émerger, relatives aux investissements financiers, au positionnement de classe, de race et d’appartenance ethnique qui donnent à comprendre la position du bien patrimonial comme les politiques de sa gestion administrative et matérielle.

De la même façon, dans les zones sinistrées, à partir des rapports entre les personnes touchées et les agents de l’État et de la coopération technique et humanitaire, les politiques d’aide sont organisées, des lignes directrices patrimoniales sont imposées et superposées, et les projets de reconstruction et de mobilisation du futur sont souvent accompagnés de processus de responsabilisation et de remise en cause des compétences.

Dans ces arènes, le drame originel peut se multiplier en de nouveaux et d’innombrables drames successifs. Les communautés et les groupes affectés doivent alors organiser des formes dynamiques de solidarité, de réponse aux traumatismes et du droit à la reconstruction dans les langages de la citoyenneté, de la culture et du patrimoine.

Réflexivité : les chercheurs et les acteurs face au drame

La reconnaissance des multiples médiations par lesquelles l’anthropologie, et la connaissance scientifique en général, sont « produites » – de son financement, à l’accès au terrain et aux personnes, et même aux conditions académiques de préparation des résultats – implique une attitude réflexive, qui doit être constitutive de notre pratique. La réflexivité prend des contours particuliers lorsqu’il s’agit d’aborder les questions patrimoniales, compte tenu de la multiplicité des rôles que nous occupons dans ce domaine. Nous ne sommes pas seulement des analystes ou des spécialistes du patrimoine, mais des agents de cette politique : nous validons des demandes, par l’émission de rapports ou par élaboration d´inventaires, nous gérons des institutions, nous produisons des collections, nous sommes des exécuteurs de politiques publiques de protection des biens. Les rôles variés et le poids relatif que nous portons déterminent souvent des situations sensibles qui nous demandent de mobiliser un sens de l’action micropolitique. Ils appellent des réflexions éthico-morales sur la production de connaissances anthropologiques face aux impératifs de silence et d’engagement afin de préserver les institutions et les groupes avec lesquels nous sommes en relation et menons nos enquêtes. Pour traiter de ces aspects réflexifs, le partage d’étude de cas permettra de confronter des expériences de terrain sur les catastrophes patrimoniales qui posent des questions méthodologiques et éthiques centrales.

Les conférences d’ouverture seront prononcées par Véronique Dassié (UMR Héritages) et  Sandrine Revet (Science Po, CERI).

L’appel a été rédigé par les membres de l’Axe 3. Approches comparatives du groupe de travail Émotions-Mobilisations du Chantier Scientifique Notre-Dame (CNRS-Ministère de la Culture) :

Vivian Luiz Fonseca (Fondation Getulio Vargas et Université de l’Etat de Rio de Janeiro)

Emma Goacolou (Service de l’inventaire du patrimoine, Région Bretagne)

Elsa Grugeon (Sciences Po Aix, Aix Marseille Univ, CNRS, Mesopolhis)

Garance Girard (Service de l’inventaire du patrimoine, Région Bretagne)

Cyril Isnart (CNRS Aix Marseille Université, IDEMEC)

Renata de Castro Menezes (Museu nacional, Universidade Federal do Rio de Janeiro)

Edmundo Pereira (Museu nacional, Universidade Federal do Rio de Janeiro)

Thaís Mayumi Pinheiro (Museu nacional, Universidade Federal do Rio de Janeiro)

Diana de Souza Pinto (Universidade Federal do Estado do Rio de Janeiro)

Anne Raulin (Université Paris Nanterre)

Les propositions (300 mots, auteur(s), affiliation et email) peuvent s’appuyer sur un ou plusieurs cas de désastres patrimoniaux et sur une ou plusieurs des thématiques énoncées ci-dessus. Elles doivent être adressées à Cyril Isnart, isnartc@gmail.com, avant le 15 septembre 2021. Les participants recevront les résultats vers le 1er octobre 2021.

Si les conditions sanitaires le permettent, la rencontre se déroulera à l’Institut national du patrimoine, Paris. Les frais de déplacements seront pris en charge par l’organisation.

CFP: 5-6 janvier 2022 à Porto-Novo – Bénin Restitution des patrimoines du Bénin. Recherches en provenance, densification et transmission des savoirs à Ájácɛ́, Xɔgbonu, Porto-Novo.

COLLOQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL INTERUNIVERSITAIRE

Restitution des patrimoines du Bénin.
Recherches en provenance, densification et transmission des savoirs à 
Ájácɛ́, Xɔgbonu, Porto-Novo.

5-6 janvier 2022 à Porto-Novo – Bénin

APPEL A COMMUNICATION

(english below)

Dans le cadre de la cinquième édition du Festival International de Porto-Novo (FIP) et à l’invitation de la municipalité de Porto-Novo, l’Université d’Abomey Calavi et le programme international de recherche « Retours » organisent plusieurs journées de colloques et d’ateliers scientifiques sur la restitution du patrimoine culturel africain.

Après avoir transité par Porto-Novo, siège du gouvernorat de la Colonie du Dahomey, des milliers d’objets sont partis dans les musées occidentaux. Si, depuis les années 1970, de nombreuses demandes de restitution ont eu lieu de par le monde, le plus souvent en vain, la demande officielle du gouvernement Béninois en 2016 a provoqué un mouvement mondial de demandes de restitution. Dans ce contexte, vingt-six œuvres du patrimoine Béninois, actuellement conservées en France, prendront le chemin du retour à l’automne 2021. D’autres, beaucoup plus nombreuses se trouvent encore dans les musées occidentaux, mais aussi au Bénin, dans différents musées et, surtout, en leurs lieux d’origine, en particulier cultuels. Le patrimoine Béninois est aussi immatériel : ce sont les savoirs et les mémoires des acteurs et actrices de la tradition, qu’il s’agit également de restituer.

L’enjeu de cet appel à contribution est donc d’accueillir des communications permettant d’identifier les personnes, de documenter l’origine, l’histoire et les savoirs associés à ces différents patrimoines. Les propositions peuvent se centrer sur un bien culturel, ses formes et sens, retracer le contexte communautaire ou rituel de sa création, proposer la biographie d’un artisan ou d’un artiste, d’un interprète ou d’un « informateur », ou restituer des enquêtes sur la réception béninoise de la restitution.

Axe 1- Les regalia de retour. Trônes, récades, asen, etc. Cet axe accueillera les communications portant sur les 26 biens culturels de retour aux Bénin. Quels sont les rites, les savoirs traditionnels, les panégyriques, et les mémoires les concernant, hier et aujourd’hui ? Qui en sont les créateurs, les médiateurs ? Quels rôles ont-ils joué et jouent-ils encore dans l’imaginaire national Béninois ? Quelle est l’histoire Béninoise de cette restitution ? Comment les Béninois, et notamment les jeunes générations, peuvent-ils s’en saisir ? Quels sont les enjeux sociaux, culturels, économiques et religieux de leur retour, et de leur exposition au public ? Comment intégrer la restitution dans la politique touristique du Bénin ? Comment imaginer des médiations adéquates ?

Axe 2- Les biens encore là-bas. Cet axe consiste à densifier et diversifier les savoirs autour de l’origine, des modalités de « récolte », des usages et des sens des objets/œuvres/choses issus de l’ex Dahomey et conservés hors du Bénin. On pense bien sur à la divinité Gù, actuellement exposée au Louvre, mais le colloque souhaite aussi privilégier les recherches en provenance pour les objets peu documentés (dont par exemple on ne connaît que la notice et quelques éléments factuels). Compte tenu des difficultés d’accès et de circulation des chercheurs et chercheuses du sud, les éléments disponibles dans les inventaires en ligne des musées occidentaux pourront être privilégiés, surtout si les propositions s’appuient sur des enquêtes menées au Bénin.

Axe 3- Porto-Novo : le patrimoine déjà ici. Le troisième axe concerne le patrimoine qui n’est jamais parti. Le patrimoine conservé et transmis au sein des familles, des temples ou des musées de la capitale aux trois noms et aux multiples mémoires : Ajasè, Xogbonu, Porto- Novo. Quelles sont les divinités et les communautés concernées, hier et aujourd’hui ? Quelles sont les formes et les techniques, les connaissances, les pratiques rituelles et les mémoires qui leur sont associées ? Qui sont les créateurs ? Qui transmet quoi ? Quelles sont les modalités de conservation et de transmission traditionnelles ? Faut-il inventorier les choses restées ? Si oui, pourquoi, et comment ? Le musée de type occidental moderne est-il l’unique dispositif de conservation ? Quelles sont les alternatives ?

Ce colloque s’inscrit dans une semaine de conférences et d’ateliers consacrés à la question des restitutions des biens culturels du patrimoine africain. Ces journées visent à faire échanger différents publics concernés par la restitution : universitaires et étudiants, acteurs de la culture, du patrimoine et du tourisme, communautés productrices, et diasporas. L’objectif est de s’enrichir mutuellement. Ainsi, outre les deux journées consacrées au colloque, objet de cet appel à contribution, le 07 janvier sera consacré à des ateliers d’échanges avec les gardiens de la tradition et la communauté des artistes Béninois. Enfin, le 08 janvier aura lieu une journée d’études visant à dresser le panorama mondial des recherches en cours sur la restitution des patrimoines africains. Dans une perspective comparatiste, il s’agira alors d’interroger les cadres théoriques, juridiques et empiriques des restitutions afin de mettre en lumière ses enjeux politiques et économiques, communautaires ou diplomatiques. Les communicants du colloque sont invités à participer à l’ensemble de ces journées d’études et à la riche programmation du Festival international de Porto-Novo.

Comité d’organisation : Saskia COUSIN ; Nadia DOHOU ; Didier Marcel HOUENOUDE ; Richard HOUNSOU ; Franck OGOU; Richard SOGAN; Arthur VIDO; Esther VIHOUNKPAN ; Amandine YEHOUETOME

Calendrier et procédure

Les propositions de résumé de communication doivent comporter : titre, nom et prénom du ou des auteur(s), adresse(s) electronique(s), affiliation et adresse.

Le résumé devra être rédigé en français ou en anglais, format A4, portrait, taille 12, interligne 1,5, Police Time New Roman et comprendre au maximum 200 mots. Ce résumé comportera la problématique, l’approche méthodologique, les principaux résultats obtenus et un maximum de cinq (5) mots-clés.

Les propositions de résumés sont à envoyer à  : colloqueportonovo2022@gmail.comrichlys2001@gmail.comsoganrichard@yahoo.fr                                

Date limite de soumission des résumés : 15 Octobre 2021 ; Notification aux auteurs : au plus tard le  29 octobre 2021

Date limite d’envoi des articles : 26 novembre 2021 ; Date d’envoi des lettres d’invitation : 05 décembre 2021. 

NB : Les frais de voyage et de séjour sont à la charge des intervenants. En cas de problèmes de financements, merci de nous en faire part.

INTERNATIONAL INTER-UNIVERSITY SCIENTIFIC SYMPOSIUM

Restitution of the Republic of Benin Heritage.

Research in provenance, densification, and transmission of knowledge in Ájácɛ́, Xɔgbonu, Porto-Novo.

05 and 06 January 2022 in Porto-Novo – Benin

CALL FOR PAPERS

As part of the fifth edition of the International Festival of Porto-Novo (FIP) and at the invitation of the municipality of Porto-Novo, the University of Abomey Calavi and the international research program “Retours” is the organization of several days of symposiums and scientific workshops on the restitution of African cultural heritage.

After passing through Porto-Novo, the seat of the governorate of the Dahomey Colony, thousands of objects were sent to Western museums. Since the 1970s numerous requests for restitution have taken place around the world, most often in vain, however the official request of the Beninese government in 2016 has provoked a worldwide movement of restitution requests. In this context, twenty-six works of Beninese heritage, currently held in France, will be returned in the fall of 2021. Others, much more numerous, are still in Western museums, but also in Benin, in various museums and, above all, in their places of origin, particularly religious. Benin’s heritage is also intangible: it is the knowledge and memories of the actors and actresses of the traditions that must be restored. The challenge of this call for papers is to welcome communications that identify the people, document the origin, history and knowledge associated with these different heritages. Proposals may focus on a cultural good, its forms and meanings, trace the community or ritual context of its creation, propose the biography of a craftsman or artist, an interpreter or an “informant,” or investigate the Beninese reception of the restitution.

Axis 1- The regalia of return. Thrones, recades, asen, etc. This axis will host papers on the 26 cultural goods returned to Benin. What are the rites, traditional knowledge, panegyrics, and memories concerning them, yesterday and today? Who are their creators and mediators? What roles have they played and do they still play in the Beninese national imagination ? What is the Beninese history of this return? How can the Beninese, and in particular the young generations, grasp it? What are the social, cultural, economic and religious stakes of their return, and of their exposure to the public? How can the restitution be integrated into Benin’s tourism policy? How to imagine adequate mediations?

Axis 2 – The goods that are still there. This axis consists in densifying and diversifying the knowledge around the origin, the modalities of “harvesting”, the uses and the meanings of the objects/works/things coming from the former Dahomey and kept outside Benin. One thinks of course of the Gù divinity, currently exhibited in the Louvre, but the colloquium also wishes to give priority to research into the provenance of poorly documented objects (of which, for example, we only know the notice and a few factual elements). Given the difficulties of access and circulation of researchers from the South, the elements available in the online inventories of Western museums could be privileged, especially if the proposals are based on surveys conducted in Benin.

Axis 3- Porto-Novo: the heritage already here. The third axis concerns the heritage that has never left. The heritage preserved and transmitted within the families, temples or museums of the capital with three names and multiple memories: Ajasè, Xogbonu, Porto-Novo. What are the deities and communities involved, yesterday and today? What are the forms and techniques, knowledge, ritual practices and memories associated with them? Who are the creators? Who transmits what? What are the modalities of conservation and traditional transmission? Is it necessary to make an inventory of the things that have remained? If so, why and how? Is the modern western type of museum the only conservation device? What are the alternatives?

This conference is part of a week of conferences and workshops devoted to African cultural property restitution. These days aim to bring together different audiences concerned with return and restitution: academics and students, cultural, heritage and tourism actors, producing communities, and diasporas. The objective is to enrich each other. Thus, in addition to this conference, January 7 will be devoted to an exchange with the guardians of the tradition and the community of Beninese artists. Finally, on January 8, a workshop will provide a global overview of current research on the restitution of African heritage. From a comparative perspective, it will question the theoretical, legal and empirical frameworks of restitution in order to shed light on the political and economic, community or diplomatic stakes. The speakers of the conference are invited to participate in all of these, and in the rich cultural program of the International Festival of Porto-Novo.

Organizing Committee: Saskia COUSIN; Nadia DOHOU; Didier Marcel HOUENOUDE; Richard HOUNSOU; Franck OGOU; Richard SOGAN; Arthur VIDO; Esther VIHOUNKPAN; Amandine YEHOUETOME

Schedule and procedure

Proposals for abstracts should include the title, first and last name of the author(s), e-mail address of the author(s), affiliation and address.

The abstract should be written in French or English, A4 format, portrait, size 12, line spacing 1.5, Time New Roman font and should not exceed 200 words. The abstract should include the problematic, the methodological approach, the main results obtained and a maximum of five (5) key words.

Proposals should be sent to the following addresses :  colloqueportonovo2022@gmail.comrichlys2001@gmail.comsoganrichard@yahoo.fr                                

Abstract submission deadline: October 15, 2021; Notification to authors: by October 29, 2021; Deadline for submission of papers:  by November 26, 2021; Date of sending invitation letters: December 05, 2021

NB: The travel and accommodation costs of the conference are the responsibility of the participants. In case of financing problems, please let us know.

 Publication: Porter le temps. Mémoires urbaines d’un site horloger, Filippo De Pieri et Florence Graezer Bideau

Porter le temps. Mémoires urbaines d’un site horloger chez MētisPresses (Genève).

https://www.metispresses.ch/fr/porter-le-temps

L’ouvrage interroge le rapport entre histoire, mémoire, patrimoine et transformation urbaine en s’appuyant sur l’étude d’un cas spécifique, celui de La Chaux-de-Fonds et du Locle, deux villes suisses inscrites conjointement sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009 sous l’appellation « urbanisme horloger ». Porter le temps réunit une équipe interdisciplinaire de chercheurs qui développe, à partir d’enquêtes de terrain menées à la fois de manière collective et individuelle, une analyse des relations complexes entre re-articulations spatiales et stratifications temporelles des villes contemporaines.

L’ebook est également disponible sur le lien suivant : https://www.metispresses.ch/en/porter-le-temps-numerique

Porter le temps. Mémoires urbaines d’un site horloger by MētisPresses (Geneva).

https://www.metispresses.ch/fr/porter-le-temps

The book examines the relationship between history, memory, heritage and urban transformation through the study of a specific case – La Chaux-de-Fonds and Le Locle – two Swiss cities jointly inscribed on the UNESCO World Heritage List in 2009 under the title of ‘watchmaking urbanism’. Porter le temps brings together an interdisciplinary team of researchers who are developing an analysis of the complex relationships between spatial re-articulations and temporal stratifications in contemporary cities, based on both collective and individual fieldwork.

The ebook is also freely available at the following link: https://www.metispresses.ch/en/porter-le-temps-numerique