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CFP PATRIMOINES URBAINS EN RÉCITS 8e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine Montréal, 27-29 septembre 2012

Appel à communication
PATRIMOINES URBAINS EN RÉCITS
8e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine
Montréal, 27-29 septembre 2012
Université du Québec à Montréal

Depuis 2005, les Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine invitent chaque année la relève scientifique à présenter ses recherches sur divers aspects de la patrimonialisation, alternativement au Québec et en France, sous la tutelle scientifique de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain (Luc Noppen et Lucie K. Morisset, Université du Québec à Montréal) et de ses partenaires, PARVI, le groupe interuniversitaire de recherche sur les paysages de la représentation, la ville et les identités urbaines ainsi que le Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine. En 2012, du 27 au 29 septembre, l’Université du Québec à Montréal sera l’hôte de la Huitième Rencontre, sous la direction scientifique de Marie-Noëlle Aubertin et Marie-Blanche Fourcade. Intitulée Patrimoines urbains en récits, cette édition des Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine s’intéressera plus particulièrement aux récits qui constituent, accompagnent, servent et transforment le paysage urbain.
Le patrimoine est récit. Sans lui, les objets, les lieux et les pratiques souffrent d’une déficience de sens, d’un manque de souffle et de vitalité (anima). Qu’il prenne la forme de discours, de mythes, d’histoires ou de mémoires, le récit participe à toutes les étapes de la patrimonialisation. Il est également objet de patrimoine soit à titre de preuve d’une reconnaissance, soit pour lui-même, en raison de sa propre valeur culturelle, à l’exemple de la littérature, des traditions populaires, mais aussi des archives textuelles, iconographiques et audiovisuelles. On peut dès lors invoquer sa double nature, à la fois matière et instrument, qui alimente et transcende en même temps le processus de construction de sens patrimonial. Le récit manifeste son pouvoir dans les démonstrations qui mènent à la sélection et à la reconnaissance aussi bien que dans les stratégies de médiations et les gestes d’appropriation qui installent durablement l’attachement patrimonial. Le récit appartient à tous : institutions, experts, citoyens ou touristes qui manient, dans le consensus ou le conflit, une même grammaire. Cette grammaire, qui peut faire et défaire le patrimoine, renseigne de manière privilégiée sur les représentations, les expériences et relations générées par la patrimonialisation. En quelque sorte, le récit nous permet d’accéder à la condition humaine du patrimoine.
Le contexte urbain apparaît des plus fertiles pour aborder les multiples formes des récits et leurs rôles dans la patrimonialisation. La densité des représentations, les transformations incessantes du paysage et la mobilité sans cesse croissante permettent de saisir la ville comme un laboratoire dans lequel les récits s’imbriquent, se métissent, s’opposent et se composent. La ville tient également un discours à la fois comparatif et réactif sur ce qui lui est étranger, à savoir les autres villes ou la campagne. Par le récit, elle investit ces imaginaires et tente de se définir contre l’autre ou à travers lui. Mode de résistance aux projets d’aménagement, stratégie de sauvegarde face à la menace de destruction de hauts lieux, support de cristallisation de souvenirs d’une ville disparue ou en voie de l’être, outil de médiation pour l’exploration urbaine, le récit se modèle et s’utilise à chaque étape de production et de transformation du patrimoine ainsi que dans ses multiples usages.
En abordant le patrimoine urbain par le paradigme du récit, nous proposons de mettre en lumière la complexité de la patrimonialisation mise en tension au cœur des questions de temps, d’espace, d’identité, de politique, et de culture, mais également de l’analyser de manière transversale en y conjuguant la diversité des séquences de la patrimonialisation et des territoires concernés à la plurivocalité des acteurs impliqués. Plus précisément, nous souhaitons saisir le rôle – la contribution – du récit dans la patrimonialisation et d’identifier, dans une tentative de narratologie patrimoniale, les caractéristiques et les modes de fonctionnement des récits patrimoniaux. Quelle est la contribution du récit au patrimoine et comment opère-t-il? Existe-t-il des figures narratives propres au patrimoine ou des éléments récurrents qui ancreraient une spécificité patrimoniale? Quels sont les usages du récit? Que nous disent les récits sur ceux qui les produisent et les utilisent? Telles sont quelques-unes des questions qui pourront être partagées.
Nous invitons les jeunes chercheurs de toute discipline à soumettre des intentions de communication qui présenteront des études de cas impliquant un ou plusieurs types ou ensembles de récits à partir desquels pourront être développées des pistes de réponses théoriques aux questions précédemment posées. Les intentions de communication (titre, résumé de 500 mots maximum, courte notice biographique) devront être envoyées par courriel au plus tard le 15 avril 2012 à Marie-Blanche Fourcade (fourcade.marie-blanche@uqam.ca). Les propositions seront évaluées par un comité scientifique en fonction de leur pertinence thématique, de l’originalité de leur questionnement ainsi que de la qualité générale de leur argumentaire.
Les frais de déplacement des jeunes chercheurs pourront être partiellement subventionnés, selon les disponibilités budgétaires. La Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain pourra aussi offrir quelques bourses de voyage aux intervenants.
Revues par un comité éditorial, de nombreuses contributions issues des six premières rencontres ont été publiées dans des ouvrages collectifs; les actes de la septième rencontre sont en préparation et il est prévu que les communications de cette huitième rencontre fassent l’objet d’un semblable projet d’édition.

Call for papers
URBAN HERITAGE AS NARRATIVE
Eighth Annual International Conference of Young Heritage Researchers
Montreal, September27th -29th, 2012
Université du Québec à Montréal

Each and every year since 2005, alternating between Quebec and France, the international conferences of young heritage researchershaveinvited up-and-comingscientists to presentresearch projects on various aspects of heritagization under the scientific supervision of theCanada Research Chair on Urban Heritage (Luc Noppen and Lucie K. Morisset,Université du Québec à Montréal)and its partners, PARVI, the groupe interuniversitaire de recherche sur les paysages de la représentation, la ville et les identités urbaines, and theCanadian Forum for Public Research on Heritage. In 2012, from September 27 to 29, theUniversité du Québec à Montréal will host the eighth suchconference, under the scientific supervision ofMarie-Noëlle Aubertin and Marie-Blanche Fourcade. EntitledUrban Heritage as Narrative,this edition of theInternational Conference of Young Heritage Researcherswillfocus on the narratives that constitute, accompany, serve and transform the urban landscape.
Heritage is narrative. Without it, objects, places and practices suffer from a lack of meaning, deprived as they areof energy and vitality (anima).Whether in the shape of discourse, myths, stories or memoires, narrative accompanies heritagization every step of the way.It is also considered to be heritage as a form of recognition, or for its intrinsic cultural value, for exampleas regards literature and popular tradition,as well as textual, iconographic or audiovisual archives. At this point,we can invoke its dual nature, both material and instrumental, which feeds and at the same time transcends the process ofconstructing heritage meaning. Narrative reveals itspower in the demonstrations that lead to selection and recognition as well as inmediation strategies and acts of appropriation that foster an ongoing attachment toheritage. Narrative belongs to all concerned, i.e. to the institutions, experts, citizens and tourists who handle, in situations of consensus or conflict,the very same grammar. This grammar, which can make or break heritage, provides inside information concerning the representations, experiences and relationships generated by heritagization. In a way, narrative allows us to access the human condition inherent inheritage.
The urban context would appear to be the most fertile ground upon which to address the multiple forms ofnarrativeand their role in heritagization.A density of representations, incessant transformations of landscape and ever increasing mobilityreveal the city as a laboratory in which narratives overlap, interweave, square off, and are composed. The city also holds a comparative and reactive discourse concerning what is foreign to it, both other cities and the countryside. Through narrative, it occupies these imaginary realms and attempts to define itself in opposition to or through the other.Whether as a way of resisting development projects, a preservation strategy to counteract the threatened destruction of important landmarks, support for the crystallization of memories of a lost city or a city in the process ofdisappearing, or a mediation tool used for urban exploration, narrative takes shape and is called upon at each stage of heritage production and transformation and in its many and varied uses.
By broaching the subject of urban heritage through the narrative paradigm, we propose to highlight the complexity of heritagization as the intense focus of issues of    time, space, identity, politics, and culture,and also to analyse it transversally by adding the diversity of sequencing of heritagization and of the territories concernedto the multiplicity of voices of the actors involved.More specifically, we wish to understand the role, i.e. the contribution, of narrative in heritagization and to identify, in an attempt to construct a heritage narrative-ology, the characteristics and modes of operation of heritage narratives. What is the contribution ofnarrative toheritage and how does it operate? Are there any specific heritage narrative figuresor recurring elements that might form the basis of heritage specificity? What are the uses of narrative? What do narratives tell us about those who produce and use them? These are some of the questions that participants can share.
We invite young researchers from all disciplines to submit abstracts thatpresent case studies involving one or many types or groupings of narratives, from which the beginnings of theoretical answers to the aforementioned questions may be developed. The abstracts (title, maximum 500-word summary, and short biography) must be sent by email no later than April 15th, 2012 to Marie-Blanche Fourcade (fourcade.marie-blanche@uqam.ca). The proposals will be evaluated by a scientific committee based on their thematic pertinence, the originality of their questioning, and the general quality of their arguments.
Travel costs incurred by young researchers may be partially subsidized, subject to budgetary restrictions.The Canada Research Chair on Urban Heritage may also offer some travel grants to participants.
Reviewed by an editorial board, many contributions from the first six meetings were published in anthologies; the proceedings of the seventh meeting are being prepared, and the papers of this eighth meeting will normally be the focus of a similar publishing project.

Convocatoria
PATRIMONIOS URBANOS EN NARRACIÓN
8vo Encuentro internacional de jóvenes investigadores en patrimonio
Montreal, 27-29 septiembre 2012
Universidad de Québec en Montreal

Desde el año 2005, los Encuentros internacionales de jóvenes investigadores en patrimonio invitan cada año a investigadores principiantes a presentar sus investigaciones sobre diversos aspectos de la patrimonialización. Estos eventos tienen lugar alternativamente en Francia y en Québec, bajo el auspicio científico de la Cátedra de investigación de Canadá en patrimonio urbano (LucNoppen et Lucie K. Morisset, Universidad de Québec en Montreal) y sus colaboradores PARVI (Grupo interuniversitario de investigación sobre los paisajes de la representación, la Ciudad y las identidades urbanas) y el Foro canadiense de investigación pública en patrimonio. Del 27 al 29 de septiembre del 2012, la Universidad de Québec en Montreal recibirá la octava edición de los Encuentros internacionales de jóvenes investigadores en patrimonio bajo la dirección científica de Marie-NoëlleAubertin et Marie-BlancheFourcade. Intitulada Patrimonios urbanos en narración, esta edición se focalizará sobre las narraciones que constituyen, acompañan, sirven y transforman el paisaje urbano.

El patrimonio es una narración. Sin ella, los objetos, lugares y prácticas sufren de una deficiencia de significado y de vitalidad (anima). Que sea bajo la forma de discursos, mitos, historias o memorias, la narración participa de todas la etapas de la patrimonialización. La narración es también un objeto de patrimonio, ya sea como evidencia de un reconocimiento o su propio valor cultural, en la literatura, o en las tradiciones populares por ejemplo, pero también en los archivos textuales, iconográficos y audiovisuales. Por lo tanto, se puede evocar a su doble naturaleza, materia e instrumento, que participa y al mismo tiempo transciende el proceso de construcción del significado patrimonial. La narración manifiesta su fuerza en las demostraciones que conducen a la selección y el reconocimiento, así como en las estrategias de mediación y en los gestos de apropiación que constituyen un apego duradero. La narración le pertenece a todos: instituciones, expertos, ciudadanos o turistas que usan, con consenso o con conflicto, una misma gramática. Esta gramática, que puede hacer y deshacer el patrimonio, informa de manera privilegiada sobre las representaciones, las experiencias y las relaciones generadas por la patrimonialización. En otros términos, la narración nos permite tener acceso a la condición humana del patrimonio.

El contexto urbano aparece como uno de los más ricos para abordar las múltiples formas de las narraciones y sus diferentes papeles en la patrimonialización. La densidad de las representaciones, las transformaciones permanentes del paisaje y el aumento de la movilidad permiten considerar la ciudad como un laboratorio donde la narraciones se cruzan, se mezclan, se oponen y se producen. La ciudad conlleva también una narración a la vez comparativa y reactiva sobre lo que es ajeno, es decir, las otras ciudades o el campo. Con la narración, ella puede llenar estos imaginarios e intentar definirse en contra del otro o a través de él. Modo de resistencia a los proyectos de ordenamiento, estrategia de salvaguardia frente a la amenaza de destrucción de lugares importantes, soporte para la cristalización de memorias de una ciudad desaparecida o en proceso de desaparición, herramienta de mediación para la exploración urbana, la narración se adapta y se usa en cada etapa de producción y de transformación del patrimonio como de sus múltiples usos.

Con este acercamiento al patrimonio urbano a través del paradigma de la narración, proponemos destacar la complejidad de la patrimonialización, en tensión en el cruce de las consideraciones de tiempo, de espacio, de identidad, de política y de cultura. También proponemos un análisis transversal que conjugue la diversidad de las secuencias de la patrimonialización y de los territorios implicados con las múltiples voces de los actores involucrados. Queremos entender el papel, el aporte, de la narración en la patrimonialización e identificar las características y los modos de funcionamiento de las narraciones patrimoniales por una tentativa narratología patrimonial. ¿Cuales son los aportes de la narración al patrimonio y cómo funciona? ¿Existen figuras narrativas propias al patrimonio o elementos recurrentes que fundarían una especificad patrimonial? ¿Cuales son los usos de la narración? ¿Que nos dicen las narraciones sobre quienes las producen y las usan? Estas son algunas de las preguntas que podrían ser exploradas y compartidas.

Invitamos a los jóvenes investigadores de todas las disciplinas académicas a proponer comunicaciones, en francés o en inglés, que presenten estudios de caso involucrando uno o varios tipos o conjuntos de narraciones que permiten iniciar el desarrollo de respuestas teóricas a las preguntas planteadas anteriormente. Las propuestas de comunicaciones (titulo, resumen de 500 palabras máximo y corta biografía) deber ser enviadas por correo electrónico antes del 15 de abril del 2012 a Marie-BlancheFourcade (fourcade.marie-blanche@uqam.ca). Las propuestas serán revisadas por un comité científico y evaluadas según su pertinencia temática, su originalidad en el cuestionamiento y su calidad en general.

Los gastos de viaje de los jóvenes investigadores podrán ser parcialmente financiados según los recursos disponibles. La Cátedra de investigación de Canadá en patrimonio urbano ofrecerá también algunas becas de viaje para los participantes.

Revisadas por un comité editorial, muchas de las contribuciones de los 6 encuentros previos fueron publicadas en libros colectivos. La publicación de los artículos del séptimo encuentro está en preparación y prevemos que las comunicaciones de este octavo encuentro sean igualmente publicadas.

CFP: 7e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine

La patrimonialisation de l’urbain
7e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine
Institut de Géoarchitecture, Université de Bretagne occidentale
5-7 octobre 2007
Contexte
Depuis 2005, les Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine invitent annuellement étudiants, doctorants, docteurs et postdoctorants à conférer sur divers aspects de la patrimonialisation, alternativement au Québec et en France, sous la tutelle scientifique de la Chaire de Recherche du Canada en patrimoine urbain de l’Université du Québec à Montréal et de ses partenaires. En 2011, la Septième rencontre, dévolue à la patrimonialisation de l’urbain, se tiendra du 5 au 7 octobre à Brest, sous le parrainage de l’Institut de Géoarchitecture, institution hôte (Université de Bretagne occidentale). Patrick Dieudonné est le directeur scientifique de l’événement, co-organisé par la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain (Luc Noppen, Université du Québec à Montréal), par le groupe interuniversitaire de recherche sur les paysages de la représentation, la ville et les identités urbaines (Lucie K. Morisset, Université du Québec à Montréal) et par le Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine. La coordination scientifique de l’événement a été confiée à Lyne Bernier (lbernier@internet.uqam.ca) et Yann Le Fur (yann.lefur@geoarchi.net).
La date limite pour soumettre une proposition est le 15 avril 2010. Pour ce faire, veuillez envoyer le titre de votre proposition, un résumé d’un maximum de 500 mots (à prévoir pour une communication d’une durée de vingt minutes) et une courte notice biographique. Les propositions seront évaluées par un comité scientifique en fonction de leur pertinence par rapport au thème, de l’originalité de leur questionnement ainsi que de la qualité générale de leur argumentaire.
Les frais de déplacement des intervenants pourront être partiellement subventionnés, selon les disponibilités budgétaires. La Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain pourra aussi offrir quelques bourses de voyage aux intervenants.
Revus par un comité éditorial, des articles issus des cinq premières Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine ont été publiés dans des ouvrages collectifs dédiés à cette fin ; les actes de la sixième rencontre sont en préparation. Il est prévu que les communications de cette septième rencontre fassent l’objet d’un projet d’édition semblable.

Argumentaire
Attribuée par Françoise Choay à Gustavo Giovannoni (Vecchie città ed edilizia nuova ou L’urbanisme face aux villes anciennes, 1931), l’invention du patrimoine urbain a longtemps permis de répondre à une quête double, scientifique et professionnelle. C’est ainsi que la pensée du patrimoine a progressivement épousé l’échelle des études territoriales, notamment consacrées par la Charte de Venise en 1964. L’historiographie du patrimoine, depuis, observe le délaissement des approches limitées aux objets, au bénéfice d’une considération pour les rapports spatiaux et humains qui, tout autour du monument, font l’urbain. Ainsi les objectifs diverses lois sur les secteurs sauvegardés, les arrondissements historiques et leurs épigones se trouvent-elles validées par la connaissance scientifique.
Par delà les tensions entre progrès et mémoire, ou entre modernité et préservation, qu’implique l’union conceptuelle de la ville et du patrimoine, la notion de patrimoine urbain recouvre un moment épistémologique qui dépasse la simple conciliation entre le vocabulaire et les pratiques respectives de l’institution des monuments historiques d’une part, de l’urbanisme d’autre part. En effet, il semble que les relations entre urbanité et patrimoine (ou urbain et patrimonial, urbs et patrimonialité) se soient intensifiées et complexifiées dans le temps. Le « patrimoine urbain » s’affirme ainsi comme une catégorie du savoir autant que comme une désignation performative.
Mais s’il transforme ce qu’il touche, le patrimoine urbain peut-il doter d’urbanité ce qui n’en possédait pas ? Dans les villages, les banlieues et les campagnes, le patrimoine pourrait-il d’ailleurs faire office de symbole de ville ? Qualifier l’urbain ? Le « patrimoine naturel » qui parsème de biodiversité les « trames vertes et bleues » des plans d’aménagement est-il moins urbain ?
L’extension et la densification du patrimoine urbain incitent aussi à interroger sa position parmi d’autres phénomènes. Si certaines manifestations s’avèrent apparemment exclusives au patrimoine urbain — le patrimoine de proximité par exemple —, peut-on parler d’une spécificité de la patrimonialité urbaine ? Et qu’en est-il de l’urbanité patrimoniale ?
À travers la notion de patrimoine urbain, cette septième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine veut interroger les relations historiques et contemporaines, harmoniques ou dysphoriques, entre le patrimoine et la ville en tant qu’objet doté de sens. En considérant la question sous l’angle des mécanismes ou des phénomènes de patrimonialisation, nous proposons d’explorer par diverses études de cas la constitution épistémologique ou sémantique du patrimoine urbain. Mais nous souhaitons aussi cerner les enjeux — qu’ils ressortissent au symbolique ou à l’action —, que ce patrimoine représente dans les divers territoires et échelles de ses manifestations.
Le patrimoine urbain et son corolaire, la ville patrimoniale, appellent-ils une manière ou une pensée particulière de patrimonialisation ? Existe-t-il des dispositifs sociaux, économiques ou culturels spécifiques au patrimoine urbain ? Dès lors que s’atomise la nation, qui articulait l’institution et la conception du patrimoine, au profit de territoires de référence, tantôt réduits au « petit monde qui nous entoure », tantôt étendus à l’universel et à l’humanité, quel destin envisager pour le patrimoine urbain et ses constituantes ? Tandis que nos conceptions patrimoniales font la belle part au citoyen, aux pratiques, voire à l’immatériel, quel rôle tiennent les espaces de la ville, son habitat, ses habitants ? Quels ont été et quels sont les critères et les valeurs de la patrimonialisation urbaine ? Le patrimoine urbain est-il une marque de civilité ? Et est-il plus artificiel que le patrimoine naturel ? Enfin, comment, au plan des acteurs, au plan des mécanismes ou au plan des objets, se situent respectivement ce qu’il conviendrait d’appeler le « patrimoine de ville » et le « patrimoine des champs » ?

Conference : La selection patrimoniale 7-9 octobre 2010 Paris

La sélection patrimoniale
6e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine
École nationale des chartes (Paris, France)
Grande Salle, 19 rue de la Sorbonne
7‐9 octobre 2010

PROGRAMME

Jeudi 7 octobre 2010 17h
Lancement de l’ouvrage Histoire et idées du patrimoine, entre régionalisation et mondialisation, sous la direction de Karine Hébert et Julien Goyette, paru aux éditions MultiMondes dans la collection des Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Vendredi 8 octobre 2010

8h30 Accueil des participants

9h Ouverture du colloque et mots de bienvenue

9h30 Atelier 1 Le geste de choisir : stratégies et méthodologies
Président de séance : JEAN‐MICHEL LENIAUD, professeur, École nationale des chartes

Prélèvement, capture et collecte. Pour une ethnographie des gestes de la sélection patrimoniale
JULIEN BONDAZ (postdoctorant, Musée du quai Branly, Paris)

Cartographie cognitive et architecture publique : vers une relecture des critères de sélection
PERIG BOUJU (doctorant, Université Rennes 2)

L’analyse typologique comme outil de sélection : l’exemple des sanatoriums en France
PHILIPPE GRANDVOINNET (docteur, Université de Versailles-­‐Saint-­‐Quentin-­‐en-­‐Yvelines /Université de Genève)

11h Pause

11h30 Atelier 2 Le paradigme de l’appartenance : politique et identité
Président de séance : MICHEL RAUTENBERG, professeur, Université Jean-­‐Monnet

La genèse d’un patrimoine national au Grand-­‐Duché de Luxembourg
SIMONE WENY (doctorante, Université libre de Bruxelles)

Analyse diachronique du classement des monuments historiques dans la législation roumaine
ANDREEA LAZEA (doctorante, Université Bordeaux 2 / École nationale d’études politiques et administratives, Bucarest)

12h30 Déjeuner
14h Atelier 2 (suite)

La sélection du patrimoine mondial
MATHIEU DORMAELS (doctorant, UQAM / Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse)

Les critères du patrimoine mondial : une analyse des systèmes d’information de l’UNESCO
MARTA SEVERO (postdoctorante, Science Po, Paris)

15h Pause

15h30 Atelier 3 La constitution d’un corpus : tension et cohésion
Président de séance : MARTIN DROUIN, coordonnateur, Institut du patrimoine

La sélection patrimoniale : élément essentiel dans la mise en place d’un grand musée de la santé à Lyon
WENDY ATKINSON (consultante, Lyon)

Pour un inventaire du patrimoine parisien. Le Casier archéologique et artistique : une entreprise inédite, méthodique et visionnaire
STEPHANIE GUILMEAU (doctorante, Université Paris IV-­‐Sorbonne)

Un aperçu des politiques de sélection lors des ventes du mobilier des résidences royales
REMI GAILLARD (doctorant, École nationale des chartes, Paris)

Samedi 9 octobre 2010

9h Accueil des participants

9h30 Atelier 4 La valorisation de pratiques et de territoires : systèmes et valeurs
Présidente de séance : KARINE HEBERT, professeure, UQAR

Une sélection paradoxale. La patrimonialisation des fêtes de transhumance peule au Mali
ANAÏS LEBLON (doctorante, Centre d’étude des mondes africains, Aix-en‐Provence)

La sélection patrimoniale libanaise comme phase-­clef d’un processus : la vallée de la Qadisha et la Forêt des Cèdres de Dieu (Nord-­Liban)
JUSTINE PASQUIER (doctorante, Université Saint-­‐Joseph, Beyrouth / Université de Savoie)

Fromages d’ici
MARIE‐NOËLLE AUBERTIN (doctorante, UQAM / Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse)

11h Pause

11h30 Atelier 5 La polysémie de l’objet : intervention et intégration
Présidente de séance : ANNE RICHARD-‐BAZIRE, chargée de cours, École du Louvre

Le Elbephilharmonie Hall à Hambourg : vers l’établissement d’une « valeur de contraste » dans la sélection patrimoniale

GUILLAUME ÉTHIER (doctorant, UQAM / Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation, culture et société)

Les peintures en pièces détachées : tableaux disloqués et critères de sélection à Paris au 18e siècle
NOEMIE ÉTIENNE (doctorante, Université de Genève / Université Paris 1 Panthéon-­Sorbonne)

12h30 Déjeuner
14h Atelier 5 (suite)

Du nouveau dans l’existant. Le processus de sélection patrimoniale à travers l’insertion architecturale
ALEXANDRA GEORGESCU PAQUIN (doctorante, UQAM / Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse)

La sélection pour transmettre : le cas de la Villa des Arcades dite Villa Pouillon et Villa Raîs Hamidou
KATIA HALET (Maître assistante, École polytechnique d’architecture et d’urbanisme, Alger)

15h Pause
15h30 Atelier 6 Le danger de disparaître : connaissance et protection
Président de séance : JACQUES BERLIOZ, directeur, École nationale des chartes

Quelle place pour un musée dans la bibliothèque au 21e siècle? Le cas des salles publiques du Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale
FELICITY BODENSTEIN (doctorante, Université de Paris IV-­‐Sorbonne)

Un dispositif de démocratie urbaine : la sauvegarde de la colonie balnéaire de Giancarlo De Carlo à Riccione (Italie). D’une architecture à une patrimonialisation participative
ALESSANDRA MARIANI (doctorante, UQAM)

Forêt et Patrimoine – Quelles conceptions patrimoniales pour le massif forestier des Landes de Gascogne après la tempête Klaus?
AUDE POTTIER (doctorante, Université de Pau et des Pays de l’Adour)

17h Mot de la fin

CFP Sixième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine. La sélection patrimoniale

Depuis 2005, les Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine invitent annuellement étudiants, doctorants, docteurs et postdoctorants à conférer sur divers aspects de la patrimonialisation, alternativement au Québec et en France, sous la tutelle scientifique de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal et de ses partenaires. En 2010, la Sixième rencontre, dévolue à La sélection patrimoniale, se tiendra du 7 au 9 octobre à Paris, sous le parrainage de l’École nationale des chartes, institution hôte. Jean-Michel Leniaud est le directeur scientifique de l’événement, co-organisé par la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain (Luc Noppen, Université du Québec à Montréal), par le groupe interuniversitaire de recherche sur les paysages de la représentation, la ville et les identités urbaines (Lucie K. Morisset, Université du Québec à Montréal) et par le Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine. La coordination scientifique de l’événement a été confiée à Anne Richard-Bazire (annerichardbazire@ hotmail.com) et à Martin Drouin (drouin.martin@ uqam.ca).

La date limite pour soumettre une proposition est le 1er mai 2010. Pour ce faire, veuillez envoyer le titre de votre proposition, un résumé d’un maximum de 500 mots (à prévoir pour une communication d’une durée de vingt minutes) et une courte notice biographique. Les propositions seront évaluées par un comité scientifique en fonction de leur pertinence par rapport au thème, de l’originalité de leur questionnement ainsi que de la qualité générale de leur argumentaire.

Les frais de déplacement des intervenants pourront être partiellement subventionnés, selon les disponibilité s budgétaires. La Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain pourra aussi offrir quelques bourses de voyage aux intervenants.

Revus par un comité éditorial, des articles issus des quatre premières Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine ont été publiés dans des ouvrages collectifs dédiés à cette fin; les actes de la cinquième rencontre sont actuellement sous presse. Il est prévu que les communications de cette sixième rencontre fassent l’objet d’un projet d’édition semblable.

Argumentaire

Le patrimoine naît de la sélection; isolé, identifié parmi ses semblables et extrait du monde commun, l’objet patrimonial provient d’un choix, conscient ou inconscient. Qu’il soit matériel ou immatériel, ses caractéristiques se trouvent alors dévolues à une fonction nouvelle : transmettre ou représenter la vision du monde qui a animé sa sélection.

Les institutions patrimoniales ont, depuis diverses époques, inventé des méthodes pour encadrer une sélection pensée comme volontaire : celles-ci ont prêté vie à des critères variés, censés dresser un ensemble de référence pour permettre au sélectionneur d’exercer son jugement et son appréciation de façon informée, transparente, voire objective. Élevés dans le giron des monuments nationaux, ces critères ont évolué à la mesure des univers de représentation dans lesquels ils étaient situés, en se déclinant dans le grand patrimoine mondial ou en se diversifiant face au patrimoine de proximité. Selon l’institution patrimoniale et selon les fins mêmes de la patrimonialisation, la sélection a ainsi influé sur les carapatrimoinees du patrimoine ; en retour, l’inflation patrimoniale et la relativisation des patrimonialisations à l’échelle de la planète, en confrontant différentes pensées du patrimoine, interpellent aujourd’hui les modalités et les finalités des méthodes de sélection.

Ontologique ou pragmatique, la réflexion critique sur la sélection patrimoniale n’est certes pas nouvelle : cristallisée dans les institutions patrimoniales qui se sont généralisées en Occident dans les premières décennies du XXe siècle, elle apparaît en Europe avec la fixation d’une pensée et de pratiques patrimoniales communes, autour de la fin du XIXe siècle, comme l’illustre le désormais fameux opuscule d’Aloïs Riegl (1903), d’ailleurs de plus en plus communément cité de nos jours, plus de vingt ans, maintenant, après ses premières traductions anglaise (1982) et française (1984). Si cette résurgence, à travers la« valeurs est devenu usuel de discuter des « valeurs » patrimoniales, ne signe pas nécessairement une crise de la sélection, elle révèle à tout le moins, outre un certain tropisme patrimonial, la nécessité, pour nos contemporains, de prendre « critères e avec le matérialisme positiviste des « critères » fondateurs de l’exercice institutionnel du patrimoine, imaginés par des experts et applicables par des exécutants de la sélection. Cela, qui pose les questions de l’évolution de la sélection patrimoniale et de l’interrelation entre celle-ci et des conceptions différenciées du patrimoine, met aussi en cause la pratique de la sélection aujourd’hui à l’intérieur ou à l’extérieur des organismes qui en détiennent la responsabilité . Quel patrimoine choisir, comment le choisir, et d’après quelle méthode ? Pourquoi, d’ailleurs, choisir celui-ci et non pas celui-là ?

Cette Sixième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine se penche ainsi sur la sélection patrimoniale, sur ses causes, ses motifs et ses effets, depuis le patrimoine national et le patrimoine mondial jusqu’aux territoires réduits, mais démultipliés, de la proximité. Seront reçues les propositions de communication qui, dans une perspective diachronique ou synchronique, interrogeront les buts, les systèmes, les processus ou les mécaniques de la sélection patrimoniale à travers un ou des cas, historiques ou contemporains, sous trois aspects non exclusifs. Le premier concerne l’objectif des méthodes de sélection : quelles sont-elles, quels critères les animent, quels pourraient-ils être, qui en sont ou en seraient les animateurs ? Le deuxième s’attache au pourquoi : à quoi sert de sélectionner, quels sont ou ont été les desseins de la sélection patrimoniale selon les contextes ? Le troisième axe de cet appel à communications s’intéresse au comment : volontaire ou inconsciente, de quelle façon une sélection influe-t-elle sur les configurations et sur les significations du patrimoine ? En somme, il s’agit de comprendre les phénomènes de patrimonialisation historiques ou contemporains de façon aussi bien théorique que pratique, en contextualisant les choix patrimoniaux anciens ou futurs par rapport aux temps, aux lieux, aux acteurs et aux méthodes qui les caractérisent et à travers lesquels la sélection patrimoniale atteint ou non ses finalités.

Pour de plus amples renseignements ou pour s’inscrire : contactez Martin Drouin, coordonnateur de l’Institut du patrimoine, au 1-514-987-3000 poste 5626 ou par courrier électronique à drouin.martin@ uqam.ca.

Prière d’envoyer vos propositions à l’Institut du patrimoine, Université du Québec à Montréal, institutdupatrimoin e@uqam.ca.

Date limite : 1er mai 2010

Publication : Patrimoines. Fabrique, usages et réemplois.

Lemaître, Capucine et Sabatier Benjamin (dir.)

Patrimoines. Fabrique, usages et réemplois.
Collectif de la 3ème rencontre des jeunes chercheurs en patrimoine tenue à Rennes les 12 et 13 octobre 2007.
Les cahiers de l’Institut du Patrimoine de l’UQAM, Editions Multimondes, 2008

Est-il encore utile de rappeler combien la notion de patrimoine est devenue complexe tant les champs de son application se sont multipliés et tant elle touche des domaines de plus en plus variés ? Tenter d’en cerner les limites ou d’en déterminer les frontières relèverait d’une gageure à laquelle nul ne se risquerait aujourd’hui. Ses enjeux n’en demeurent pas moins importants en ce début de vingt-et-unième siècle et constituent des axes de réflexion sans cesse renouvelés comme le révèlent la diversité et la richesse des terrains de recherche dont nous font part les auteurs de ce collectif. En choisissant de se focaliser sur la fabrique, l’usage et le réemploi, ce recueil de textes contribue à l’enrichissement de notre compréhension globale du patrimoine qui se complète, s’affine et se précise, à mesure que se dénouent les situations concrètes évoquées.

De la France au Québec, en faisant un détour par l’Italie et la Russie, les processus de patrimonialisation se déclinent sous différentes formes au regard des enjeux politiques, économiques et sociaux qui les animent. D’une fabrique en germe à la fin du dix-huitième siècle au réemploi d’un patrimoine architectural contemporain, en passant par la remise en valeur ou la reconversion d’un territoire, ils sont à l’image d’un palimpseste, le fruit d’usages multiples, composant avec les marques identitaires et mémorielles de l’histoire et les réinscrivant d’une manière ou d’une autre dans un présent, qui lui aussi s’avère porteur de nouvelles valeurs amenées à s’inscrire dans le futur.