Singuliers. Objets des minorités en Europe et en Méditerranée
Séminaire nomade 2021-2022
Mucem, Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
IDEMEC, UMR 7307 Aix Marseille Université CNRS
Appel à communication
Séance 1 – France
24 mars 2021 – 11h00-18h00
Mucem, Marseille
Org. Cyril Isnart
UMR IDEMEC, Aix Marseille Université CNRS
Mucem, Département recherche et enseignement
Présentation
Quels objets sont mobilisés dans les luttes de reconnaissance culturelle des groupes minorisés ethniques, linguistiques, politiques, professionnels, sexuels ou religieux en Europe et en Méditerranée ? Le séminaire nomade Singuliers. Objets des minorités en Europe et en Méditerranée, porté par le Mucem et l’IDEMEC, rassemble des membres des communautés minorisées, des spécialistes de sciences sociales et des professionnels du patrimoine pour étudier, par l’objet, les choix et les stratégies que certains groupes minorisés mettent en œuvre pour représenter leurs expériences du monde et leurs cultures. Le séminaire promeut une double approche liant l’analyse politique de la patrimonialisation et les études sur la matérialité. Il invite également les participants à une écriture collaborative inédite entre sciences sociales, conservation et activisme culturel. En s’inscrivant à chaque séance dans un contexte régional différent, d’abord en France avec le Mucem et l’IDEMEC, puis dans différents pays méditerranéens en association avec des UMIFREs et des Écoles françaises, le séminaire met en place une approche comparative ambitieuse afin de mieux saisir les modalités de l’action patrimoniale des minorités autour de la Méditerranée.
Argument
Les objectifs du séminaire se déclinent en trois volets complémentaires qui viennent renouveler l’approche classique du patrimoine en sciences humaines, en mettant au cœur des questionnements la dimension matérielle, les approches critiques du patrimoine, ainsi que la voix des acteurs minoritaires eux-mêmes.
1. Material turn
Le séminaire souhaite interroger les pratiques patrimoniales des groupes minorisés en mobilisant le material turn des sciences sociales, qui analyse la place des objets, leur fabrication et leur fonction dans le monde humain. Les musées universels occidentaux, les écomusées, les musées de société et les musées des sociétés savantes ont fondé leur méthodologie et leur légitimité sur des liens construits entre la matérialité des collections et les narrations scientifiques ou politiques que cette dernière rendait possible. Mais peu à peu, les études matérielles se sont autonomisées dans le champ muséologique, laissant la conservation et la médiation aux mains de spécialistes souvent différents. Il s’agira ici de revenir sur le rôle et le poids des dimensions matérielles des objets des minorités dans les collections muséales et dans les revendications minoritaires contemporaines.
2. Approches critiques du patrimoine
Le séminaire ouvre également une voie de réflexion qui enrichit les analyses critiques sur le patrimoine, qui ont surtout traité des instrumentalisations politiques des emblèmes nationaux, en modifiant la focale d’observation du fait national vers la sphère des groupes minorisés. La revendication patrimoniale des groupes, considérés comme subalternes, des États-nations constitue une des attaques les plus vives envers les politiques culturelles qui se trouvent ainsi mises à mal par la redéfinition des récits du passé et des symboles qui les incarnent. Penser le patrimoine de manière critique ne peut plus se résumer aujourd’hui à la déconstruction des discours nationaux, mais l’analyse doit également porter sur les usages contestataires, émancipateurs et subversifs du patrimoine et de ses dispositifs les plus classiques.
3. Les voix des minorités
Enfin, le séminaire entend donner toute sa place à la parole et aux pratiques des acteurs des patrimonialisations en contexte minorisé. Souvent empêchée par les structures de domination politique étatique, l’expression des revendications culturelles des minorités se trouve confrontée à des stratégies subtiles d’effacement ou de contournement. Cependant les groupes savent parfois créer les conditions de leur prise de parole dans l’espace public, en prenant des risques politiques majeurs. La contestation des récits patrimoniaux passe souvent par des manifestations ou des procès, par des tentatives d’infléchissement des politiques culturelles ou par des activités patrimoniales autonomes. Le séminaire est conçu pour donner à entendre ces voix dans une sorte de tiers-lieu qui facilite, légitime et autorise la prise de parole des minorités, en mettant à profit les expériences collaboratives et de co-écriture entre chercheurs, conservateurs et membres des communautés que les sciences humaines expérimentent depuis une vingtaine d’années.
Règles de soumission pour la séance 1 – France à Marseille
La première séance se déroulera au Mucem à Marseille, le 24 mars 2021. Le séminaire se déplacera ensuite dans différentes institutions de recherche sur les rives de la Méditerranée entre 2021 et 2022 pour interroger ces différents contextes locaux.
L’appel à communication pour la séance 1 – France fixe comme règles de réponse :
– la formation d’un duo rassemblant un spécialiste de sciences sociales ou un professionnel du patrimoine avec un membre d’un groupe minorisé en France.
– un dossier constitué d’une présentation des auteurs de 100 mots, d’une image d’un objet issu d’une minorité (pouvant appartenir à une collection muséale), et d’un résumé de communication de 500 mots décrivant l’objet, sa fonction, ses usages et justifiant son insertion dans le séminaire Singuliers.
Date limite de soumission pour la séance 1 – France : 24 février 2021 à cyril.isnart@mucem.org.
Les frais de voyage et de logement seront pris en charge par les institutions organisatrices si la réunion pourra se tenir en présentiel à Marseille, selon les consignes sanitaires en vigueur. Elle se déroulera en ligne si les déplacements ne sont pas autorisés.